Coédité par l’Inrap et les éditions Tallandier, l’Atlas archéologique de la France raconte un million d'années d'occupation humaine de l'Hexagone et des Outre-mer en 100 cartes inédites et 200 illustrations, issues de dizaines de milliers de fouilles et d’enquêtes archéologiques menées depuis plusieurs décennies. Patrick Maguer, archéologue Inrap, co-auteur de l'ouvrage, présente la carte du Vin méditerranéen et des contreparties gauloises (Ve-Ier siècle avant J.-C.)

Dernière modification
18 décembre 2023
Atlas archéologie 2.1

Marchands grecs, étrusques et romains en Gaule : vin méditerranéen et contre-parties gauloises du Ve au Ier siècle avant J.-C.

© Aurélie Boissière/Tallandier/Inrap


Que montre cette carte ? La Gaule de l’âge du Fer était-elle une intense zone de commerce ?

Situé sur la route de l’étain et de l’ambre, le territoire gaulois a très tôt attiré les convoitises des marchands méditerranéens, grecs, étrusques, phéniciens puis romains qui ont installés des comptoirs et des colonies dès la fin du VIIe siècle av. J.-C. le long des côtes de Gaule méridionale. Dès la fin du premier âge du Fer, de nombreux produits manufacturés de grande valeur (céramiques attiques, cratères, parures, amphores à vin massaliotes et grecques) témoignent de l’intensification des échanges entre les populations autochtones et les commerçants méditerranéens.


Qui commerçait ? Qu’échangeait-on à l’âge du Fer ? 

Ce commerce longue distance bénéficie uniquement à la frange la plus aisée de la population. Les objets retrouvés notamment dans les tombes et les habitats de l’aristocratie hallstattienne comme Vix et Lavau en témoignent. Certains de ces objets issus du troc pourraient également correspondre à des cadeaux diplomatiques ou à des droits de passage.

Cruche à vin grecque décorée retrouvée dans un chaudron en Bronze provenant d'une tombe princière datée du début du Ve siècle avant notre ère.  Elle a été découverte dans un complexe funéraire monumental exceptionnel, mis au jour à Lavau (Aube).
Cruche à vin grecque décorée retrouvée dans un chaudron en Bronze provenant d'une tombe princière datée du début du Ve siècle avant notre ère.
Elle a été découverte dans un complexe funéraire monumental exceptionnel, mis au jour à Lavau (Aube).
© Denis Gliksman, Inrap

A la fin du second âge du Fer, après leur victoire sur Carthage, les Romains développent leur réseau commercial en Méditerranée occidentale et plus au nord. Ils trouvent en Gaule des matières premières (métaux et sel), des esclaves, des produits agricoles bruts ou transformés qu’ils échangent, dès la fin du IIIe s. av. J.-C. contre du vin italique provenant principalement de la côte Tyrrhénienne (Étrurie, Latium, Campanie) et dans une moindre mesure contre de la vaisselle de table (céramique campanienne, vaisselle métallique). Les amphores vinaires, débarqués dans les ports de Gaule méditerranéenne, sont acheminées dans les territoires septentrionaux via l’axe Aude-Garonne et l’axe rhodanien et la Saône. Des commerçants romains sont ainsi présents sur tout le territoire et notamment dans les oppida gaulois où ils installent des comptoirs.

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Amas d’amphores du IVe s. av. J.-C., mis au jour en 2021 dans un comblement au 19 rue Barbusse /rue Jean-Baptiste Pétré à Marseille. 

© Elsa Sagetat-Basseuil, Inrap


Qu’est-ce qui change au IIIe siècle av. J.-C. ? Pourquoi le vin a-t-il été particulièrement promu ? 

La seconde moitié du IIIe s. av. J.-C. correspond au début d’une période climatique plus chaude et plus sèche, appelée « optimum climatique romain », permettant une nette augmentation des productions agricoles en Gaule non méditerranéenne. Les grands domaines ruraux, propriétés de l’élite gauloise, dégagent ainsi des surplus qui peuvent être échangés contre des produits importés, notamment le vin. Ce breuvage, uniquement cultivé en Gaule dans le territoire de Marseille avant la Conquête romaine, est particulièrement prisé par l’aristocratie gauloise lors des banquets, des grands rassemblements communautaires et dans le cadre de certaines cérémonies religieuses.


Question carte : quelles données sont utilisées pour établir cette carte ? Quelle place pour les fouilles de l’Inrap ? Quels contextes de fouilles ?

La carte a été réalisée à partir des inventaires réalisés et publiés par M. Poux et M. Loughton dans le cadre de leur thèse respective, complétés par les données issues des fouilles préventives menées par l’Inrap (Dolia) dans les agglomérations gauloises, les établissements ruraux, les tombes et les sanctuaires. L’inventaire des épaves est issu de la publication de E. Nantet.

Loughton 2014
LOUGHTON (M.) — The Arverni and Roman Wine, Roman Amphorae from Late Iron Age sites in the Auvergne (Central France) : Chronology, Fabrics and Stamps. Oxford : Archaeopress, 2014. 626 p. (Roman Archaeology ; 2).

Nantet 2016
NANTET (E.) — Phortia. Le tonnage des navires de commerce en Méditerranée. Rennes, France : PUR, 2016. 656 p. (Archéologie & Culture).

Poux 2004
POUX (M.) — L’âge du vin : rite de boisson, festins et libations en Gaule indépendante. Montagnac : Editions Monique Mergoil, 2004. 637 p. (Protohistoire Européenne ; 8).
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