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Aux origines du Japon
Avec Laurent Nespoulous, archéologue, chargé de la direction du département d'études japonaises à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO).
L’archéologie japonaise révèle un lointain passé fort original…
Le Japon possède actuellement bien plus d’archéologues que la France et l’ensemble des nations : il est intéressant de voir ce pays où la tradition semble très prégnante, accéder à cet éclairage, et ainsi, au travers de l’archéologie, de remodeler la manière dont il peut se représenter sa propre histoire.
Vers 38 000 ans
Alors qu’il n’était pas encore un archipel, le Japon est conquis par Homo sapiens, il y a environ 38 000 ans. Ces petites communautés paléolithiques issues de Corée et de Sibérie, produisent de nombreux outils dans des obsidiennes, notamment issues des falaises de l’île Kôzu, un des plus anciens gisements exploités par l’Homme. Les volcans japonais sont déjà, durant cette époque, très actifs et leur dépôt de cendres sont des marqueurs bien datables pour les archéologues.
La culture Jômon, un paradoxe ?
Le Jômon constitue un grand tournant, une période très originale qui émerge voici 16 000 ans. Cette culture perdurera jusqu’à la première moitié du Ier millénaire avant notre ère. Dès ses phases très anciennes (ce que les archéologues dénomment la culture de Mikoshima), les communautés de chasseurs-collecteurs jômons inventent l’arc et les flèches.
Le Jômon a longtemps été jugé comme un paradoxe, sorte de société néolithique sans toutefois l’être. Le Néolithique se caractérise généralement par la sédentarité, l’agriculture, la poterie, et si les jômons ne sont en rien agriculteurs, ceux-ci sont déjà sédentaires et produisent de la céramique. Ils sont aussi, dès les 8e-7e millénaires, une société stockeuse, versée dans une économie de transformation : ils collectent d’importants volumes de glands, châtaignes et marrons qui, avant d’être conservés, sont longuement bouillis. La culture Jômon constitue donc une sorte de société néolithique non agraire, très originale à l’échelle de la planète.
Le riz Yayoi
La culture Yayoi, au nord-est de Kyūshū, introduit l’agriculture et la riziculture inondée. Longtemps, les archéologues ont été partagés entre théories autochtones ou diffusionnistes, l'arrivée de nouvelles populations, ou de nouvelles techniques. Cette période voit surtout les inégalités sociales s'accroître par rapport à la période précédente (le Jômon). D’ailleurs, à la fin de la période Yayoi, au tournant de notre ère, le système semble imploser avec l’apparition d’une forte violence, l’émergence d’élites sociales dites "ostentatoires", la création de lointains réseaux d’échanges.
Pour aller plus loin
- Pages de Laurent Nespoulous : sur le site de l'INALCO, sur le site de la maison franco-japonaise et sur le site de l'IFRAE (Institut Français de Recherche sur l'Asie de l'Est).
- Ses publications sur le site HAL.
- Présentation de son ouvrage corédigé avec Pierre-François Souyri et Joël Cornette, sorti tout récemment, Le Japon, des chasseurs-cueilleurs à Heian dans la collection Mondes anciens (éditions Belin, 2023).
- À regarder, une courte vidéo sur les céramiques Jomon (YouTube, chaîne Smarthistory).
- Un article sur la culture Jômon, La période Jômon : la culture et la société japonaise à l'époque préhistorique (site nippon.com, 2020).
Quelques références citées
- Page de Shinichi Fujimura, archéologue japonais.
- Page sur le volcan Sakurajima.
- Page sur le Japon.
- Page sur le Japon paléolithique (culture du Mikoshiba...).
- Page sur le Vernis du Japon ou "l'Arbre à laque".
- Page sur les statuettes Dogu.
- Page sur l'époque d'Edo.
- Page sur les Kofun, grands monuments funéraires.