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Aux origines du village de Villiers-le-Bel
En préalable à la reconstruction de l'école et du collège Saint-Didier, une fouille, prescrite par l'État, est réalisée en 2009 par les équipes de l'Inrap. Elle fait suite à de précédentes recherches archéologiques dans la partie ancienne de Villiers-le-Bel (Val-d'Oise) qui avaient révélé son évolution depuis le haut Moyen Âge.
La fouille est située dans une parcelle où sont mentionnés dès le début du XIIe siècle un prieuré de chanoines fondé en 1124 par Raoul-le-Bel et un habitat seigneurial avec cour, colombier four. Le prieuré confié aux chanoines de l'abbaye Saint-Victor de Paris se composait en 1733 d'un corps de logis comprenant « cour, basse-cour, écurie, étables, grange à dîmes, bûcher, grand jardin derrière et petit bois, le tout clos de mur ». Les archéologues ont mis au jour une partie de ces édifices mais également des vestiges d'habitat et de cimetière du haut Moyen Âge.
Cimetière et habitat seigneurial du haut Moyen Âge
Une centaine de sépultures a été découverte dont de nombreux sarcophages trapézoïdaux en plâtre. En périphérie, des tombes d'enfants et d'adultes, attribués à la période carolingienne ou aux XI-XIIe siècles, ont été identifiées.
Des vestiges caractéristiques d'un habitat ont été découverts sur l'ensemble de la parcelle fouillée. Ils se composent de trous de poteau, de fonds de cabane, de fours culinaires et de foyers. Un fossé, ainsi qu'une série de silos à grains, sont des éléments de l'habitat seigneurial des XI-XIIe siècles et pourraient correspondre à une « basse cour ». Deux autres fossés dessinent une enceinte ovale. Ils sont remplacés, probablement dès la fin du XIIe siècle, par un grand fossé à fond plat d'une largeur de près de 10 m. Le fond en eau signifie qu'il s'agit de douves.
Trois bâtiments médiévaux
Plusieurs bâtiments se succèdent du XIIe siècle au XVIIe siècle. Les fondations massives d'un édifice roman (XIIe siècle), flanquées d'épais contreforts, dessinent une construction rectangulaire de 11 x 10 m qui est adossée à un autre bâtiment, lui-même se terminant par un édifice carré abritant probablement une citerne voûtée. Après sa destruction, un autre édifice est reconstruit. Le caractère religieux de l'ensemble est attesté par la présence de vitraux et de voutes en pierres calcaires taillées. Ce bâtiment avec contreforts et tourelle d'escalier comporte au moins un étage. Une pièce, dont le sol a été renouvelé plusieurs fois, possède une cheminée. Une autre, semi-excavée, présente plusieurs voûtes reposant sur des piliers dans l'axe du bâtiment. Une cave et une latrine voûtée ont été également découvertes. À la fin du Moyen Âge, le bâtiment est détruit et semble coïncider avec le comblement des douves.
Un autre bâtiment à contreforts y est directement accolé. Celui-ci est également pourvu d'une cheminée et fera l'objet d'un agrandissement après le XIVe siècle. Une cave voutée, en forme de croix de Lorraine, possède un escalier droit donnant sur cinq cellules latérales.
Le Prieuré moderne
Ce bâtiment réemploie une partie des murs de la précédente construction, mais sa façade sud est reconstruite. Les sols se sont affaissés à cause de l'effondrement d'une cave, des remblais ont été rapportés et un nouveau sol de plâtre ainsi qu'une cheminée ont été construits. Ce prieuré, bien documenté dans les textes, donnera naissance au XIXe siècle (1836), après plusieurs remaniements, au pensionnat de jeunes filles qui deviendra l'école Saint-Didier. La reconstruction du groupe scolaire Saint-Didier s'inscrit donc dans une superposition de près de neuf siècles de bâtiments à vocation religieuse puis d'enseignement, révélée par l'archéologie.