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Découverte d'une épave du haut Moyen Âge dans la Garonne
Avec Laurent Grimbert, archéologue à l'Inrap.
Dans les fleuves et rivières de France, bien peu d’épaves ont été découvertes ou fouillées. Si certaines sont le fruit de tragiques naufrages, d’autres, échouées n’ont été que reléguées.
La découverte, puis la fouille, de l’épave de Villenave d’Ornon, en bordure de la Garonne s’avère aujourd’hui une exception. Enfouie dans l’ancien lit envasé d’un ruisseau (l’Estey du Lugan), ce bateau est daté des VIIe-VIIIe siècles et constitue un exceptionnel témoignage de l'architecture navale du haut Moyen Âge. Faute de sources écrites et d’épaves en nombre suffisant, les modes de navigation, à cette époque, sont encore très peu connus, la découverte de Villenave d’Ornon relance donc un champ de recherche laissé en jachère.
Vue générale du bateau
- © Patrick Ernaux / Inrap
15 mètres de long
L’épave est conservée sur douze mètres de long, mais sa taille initiale peut être estimée à une quinzaine de mètres. Les premières observations sur l’épave (présence d’une quille, assemblage des pièces de bois, dimensions et nombre des membrures…) permettent de restituer un bateau robuste (voilier de charge) capable de naviguer sur la Garonne mais également de faire du cabotage sur la façade atlantique. La présence d'un plancher indique que cette embarcation pouvait transporter des marchandises en vrac. L'épave est en bon état de conservation et certains éléments d’accastillage comme les cordages sont encore présents à l’intérieur. Différentes essences de bois (chêne et résineux) sont utilisées dans la construction.
Plancher de la partie avant du bateau
- © Patrick Ernaux / Inrap
Préparation de l'équipe pour le démontage du plancher
- © Patrick Ernaux / Inrap
Un bel exemple d’archéologie subaquatique
Avec ses grandes épaves, l’archéologie sous-marine est souvent au-devant de la scène. L’archéologie subaquatique liée à nos fleuves, lacs et rivières est plus discrète. Hormis des épaves, elle livre nombre d’aménagements notamment des moulins ou pêcheries, voire des ponts et des gués.
Humidification des membrures tribord du bateau
- © Patrick Ernaux / Inrap
Cette importante fouille de l’Inrap, engagée en 2019, s’achève aujourd’hui. Voici deux ans, le magazine de l’archéologie de France Culture s’était rendu sur le terrain, afin de réaliser ce reportage.
Pour aller plus loin
- Article sur la découverte de cette épave
- Publications de Laurent Grimbert (site Academia).