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Mis à jour le
21 juillet 2023

Avec Jean-Claude Marquet, chercheur associé au Laboratoire Archéologie et Territoires (CNRS) de l'Université de Tours, Jacques Jaubert, préhistorien et archéologue, professeur de préhistoire à l'Université de Bordeaux-I et Éric Robert Archéologue, préhistorien, spécialiste de l'art rupestre préhistorique, maître de conférences au Muséum national d'histoire naturelle (MNHN).

Dans la grotte de la Roche-Cotard (Indre-et-Loire), des gravures pariétales, réalisées avec les doigts par l’Homme de Neandertal, viennent d’être datées de plus de 57 000 ans.

C’est une grande découverte, française de surcroît, qui relance un sujet capital : la naissance de l’art, et par là-même, une grande question : qui, de par le monde, fut le premier artiste ? L’Homme moderne, ou, tout au contraire, notre lointain cousin Neandertal ? La communauté des chercheurs est très divisée sur ce thème, avec ses « progressistes », pro-néandertalien, qui ne doutent pas des facultés symboliques de leur champion, face aux « traditionalistes » pro-sapiens sapiens.

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Entrée de la grotte de la Roche-Cotard (Langeais - Indre-et-Loire) 

 

- © Thibaut Noyelle / Ministère de la Culture (France), Direction Régionale des Affaires Culturelles du Centre-Val de Loire
 

La grotte de la Roche-Cotard

Mise au jour en 1846, la grotte de la Roche-Cotard est restée inaccessible jusqu’en 1912, date à laquelle le propriétaire du terrain en a dégagé l’entrée colmatée. Depuis 1976, Jean-Claude Marquet, y poursuit des fouilles. La grotte appartient à la culture du Moustérien, caractéristique de Neandertal et les niveaux fouillés sont datés de 75 000 ans.

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Oraganisation spatiale des panneaux gravés dans la salle des piliers. (grotte de la Roche-Cotard). 



 

- © Photogrammetry Y. Egels

Les gravures

Les gravures sont localisées sur une paroi d'une douzaine de mètres de longueur, couverte, dans sa partie supérieure, d'un mince film d'altération. Elles ont été réalisées sur le tuffeau, avec les doigts, soit par simple contact sur la surface, soit par un déplacement du doigt. Elles représentent des motifs non figuratifs, certains plutôt simples comme des impacts de doigts entourant un grand fossile inclus dans la roche, ou formant de longs tracés recouvrant une vaste surface, certains plus élaborés : un panneau possède des tracés en forme d'ogive, un autre, triangulaire, singulier par sa structuration et l'application avec laquelle il a été réalisé, semble démontrer une évidente intentionnalité de la part de son auteur.

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Panneau triangulaire. Singulier par sa structuration et l'application avec laquelle il a été réalisé, ce qui semble démontrer une évidente intentionnalité de la part de son auteur 



 

- © Photo : J.-C. Marquet Relevé, M. Calligaro, H. Lombard

Une grotte fermée depuis 57 000 ans

Les récentes datations mettent en évidence que la grotte a été fermée par le débordement de la Loire, il y a environ 57 000 ans, soit une période où seul Neandertal vit en Europe. Ces découvertes montreraient donc que les « gravures pariétales » ne sont pas le propre d’Homo sapiens.

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Panneau ondulé : deux tracés contigus formant des lignes sinueuses 



 

- © Photo : A. N’Guyen, Relevés : O. Spaey, G. Alain

Vous avez dit « art néandertalien » ?

On connaissait déjà quelques traits gravés attribués à Neandertal dans la grotte de Gorham’s cave à Gibraltar, en Espagne. Trois grottes, La Pasiega (Cantabrie), Maltravieso (Estrémadure) et Ardales (Andalousie) possèdent des parois peintes recouvertes d’un voile de calcite vieux d’au moins 64 800 ans. Toutefois, le débat sur l’art néandertalien ne date pas d’hier. Si ces représentations de la Roche-Cotard pourraient être l’expression d’une pensée symbolique, les chercheurs sont extrêmement prudents. La question est donc : "est-ce de l’art ?"

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Panneau circulaire, en forme d’ogives 



 

- © Photo : A. N’Guyen, Relevés O. Spaey, G Alain

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Durée :
29 min