Émissions de radio
5
Score : 5 (1 vote)
Mis à jour le
28 novembre 2023

Avec Maïté Rivollat, paléogénéticienne à l’Université de Gand (Belgique), rattachée au laboratoire CNRS PACEA de l’Université de Bordeaux.

La paléogénomique d’une nécropole néolithique de l’Yonne permet de reconstruire les arbres généalogiques de deux familles dont l’organisation sociale est exogame, patrilinéaire et patrilocale.

L’archéologie est une ethnologie du passé, mais les communautés sur lesquelles travaillent les archéologues ont disparu depuis fort longtemps, et il leur est donc fort difficile d’évoquer l’organisation sociale de ces groupes humains. On a ainsi cru voir dans les sociétés néolithiques, tout à la fois des communautés égalitaires ou tout au contraire, l’émergence d’inégalités et de chefferies.

860_sc_thumbnail-gln2006st237a-34.jpg
Individu (GLN237A) enterré dans l’une des deux plus grandes tombes de la nécropole, et fils de l’ancêtre principal du grand arbre de Gurgy. - © Stéphane Rottier

Aujourd’hui, la paléogénomique apporte des données majeures sur les premières sociétés agropastorales vivant en France. Paru dans la revue Nature, une étude, fruit d’une collaboration entre l’Université de Bordeaux et l’Institut Max-Planck de Leipzig, retrace les filiations génétiques (donc les structures sociales), de deux familles inhumées dans l’Yonne, il y a quelque 6 500 ans.

860_sc_gln270.jpg
Sépulture GLN270, avec l’individu féminin (GLN270A), en dépôt primaire, et les restes de l’individu masculin (GLN270B), ancêtre principal du grand arbre de Gurgy - © Stéphane Rottier

Les analyses génomiques de 94 individus ont permis de reconstituer deux arbres généalogiques. Le premier se compose de 64 individus sur 7 générations, le second relie 12 individus sur 5 générations. 
L'étude des généalogies révèle une forte structure patrilinéaire, la transmission sociale s’opèrant donc par le père. Par ailleurs, le croisement des analyses génétiques et isotopiques met en évidence l’origine non locale de la plupart des femmes, suggérant la pratique de la patrilocalité. Ainsi, les fils restent vivre au sein de la communauté et ont des enfants avec des femmes extérieures au village, alors que la plupart des filles adultes de la lignée sont absentes, parties rejoindre d’autres groupes. Cette communauté pratique donc un jeu d’alliance puis de parenté réciproque large intégrant plusieurs groupes.

L’étude révèle aussi la présence d’un individu, masculin, à l’origine de tous les membres de la plus grande famille : un patriarche et "père fondateur" de la nécropole.

860_sc_thumbnail-gln2004st208-30.jpg
Perles en calcaire au niveau du cou de l’individu GLN208 (détail) trouvé sur le site de Gurgy (Yonne) - © Stéphane Rottier

Pour aller plus loin

Quelques références

Durée :
29 min
Année :
2023