À Saint-Philippe (La Réunion), l'Inrap met au jour les vestiges d'une ancienne usine à sucre du milieu du XIXe siècle, ainsi que les logements attenants des travailleurs engagés et affranchis, notamment forgerons.

Dernière modification
30 octobre 2020

Une équipe d’archéologues de l’Inrap mène actuellement une fouille au Puits des Anglais, près de l’usine du Baril, à Saint-Philippe. La fouille prescrite, sur 6500 m2, par l’État (Direction des affaires culturelles de la Réunion, service régional de l’archéologie) précède un aménagement du site par la Société Publique Locale Maraina pour le compte de la commune de Saint-Philippe.

Saint-Philippe, au cœur du sud sauvage de La Réunion

Situé sur le flanc du massif du volcan actif du piton de La Fournaise, ce territoire est fréquenté dès le début du XVIIIe siècle. En l’absence de routes, il reste difficile d’accès, c’est donc par la mer, malgré des conditions extrêmes, que s’effectuent les liaisons et le développement du sud sauvage. Cette zone a alors connu à la fin du XVIIIe siècle des débuts de colonisation. Les pluies sont abondantes mais s’infiltrent rapidement, le creusement de puits, dont le puits des Anglais vers 1819, va permettre de pallier l’absence d’eau douce. Et vers 1830, la commune de Saint-Philippe est créée.

Le domaine du Baril 

L’emprise de la fouille est limitée à l’ouest par la ravine Bétail qui borde de quelques mètres en amont l’usine du Baril, aujourd’hui en ruine. Cette usine à sucre, construite en 1861, est équipée de moteurs à vapeur. Les plantations de cannes s’installent tardivement dans une zone consacrée jusque-là au café et surtout au girofle. Après la chute du cours du sucre, l’usine cesse son activité sucrière. Elle compte alors 430 engagés et affranchis. L’usine est transformée en féculerie à manioc et une nouvelle cheminée est construite en 1919.

Le camp des engagés

Les structures observées (trous de poteau et de piquets) appartiennent à des constructions légères, de type cases et peut-être également à des palissades. Des constructions sont attestées sur ce terrain sur deux plans datés de 1874 et par un cliché des années 1920, où des cases disposées en rangées sont données, par une indication manuscrite, comme un camp malgache. Quelques foyers semblent marquer l’emplacement de cuisine. Une activité de forge est également reconnue.

Le mobilier mis au jour (verre, céramique, éléments métalliques) est réduit, reflétant des conditions de vie sommaires. Le mobilier couvre le XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle et comprend des éléments résiduels du XVIIIe siècle. Peu de travaux ont porté sur les camps de travailleurs engagés. C’est essentiellement au travers des archives que les logements d’engagés sont connus, établis à proximité de l’usine sucrière. Les fouilles permettront de documenter les activités réalisées dans le camp des travailleurs, ici en particulier la présence de forgerons.

Aménagement : Mairie de Saint‐Philippe ; mandataire, SPL Maraina
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie, DAC La Réunion
Recherche archéologique : Inrap