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La Préhistoire des autres : du déni au défi
Conférences
Publié le
28 février 2011
Mis à jour le
01 avril 2016
Colloque
La Préhistoire des autres
Colloque international organisé par le musée du Quai Branly et l'Inrap, les 18 et 19 janvier 2011, au Théâtre Claude Lévi-Strauss, musée du Quai Branly, 37 Quai Branly - 75 007 Paris France
La Préhistoire des autres
par Alain Testart, CNRS, Laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France
En 1900 et pour de longues années encore, l'idée dominante fut qu'il était inutile de faire de l'archéologie en Australie ou en Amérique du Nord puisque les Aborigènes d'Australie ou les Amérindiens étaient encore à l'âge de la préhistoire (idée qui va de pair avec celle selon laquelle ce sont des « peuples sans histoire »). Jusque vers 1960 ou 1970, l'évolution connue pour le Proche-Orient et l'Europe eut le rôle de modèle universel. Les évolutions dans les autres parties du monde devaient montrer la même succession d'inventions et de stades. Elles en différaient seulement par leur retard, mais ne devaient rien nous apprendre que nous ne savions déjà.
Or, nous savons aujourd'hui qu'il existe des haches polies en Australie depuis 20 000 ans au moins, alors qu'elles sont plus tardives chez nous ; nous savons aussi que pour maintes régions du monde, et pas seulement pour le Japon de l'ère Jomon, la poterie est antérieure à celle que l'on trouve au Proche-Orient et en Occident. En 1900, on en était à nier l'intérêt d'une préhistoire extra-européenne. En 2000, il est au contraire évident que la considération de cette préhistoire nous oblige à remettre en question tous nos schémas, et d'abord celui du Néolithique, dans son association entre la culture, la céramique et la pierre taillée. Le défi que nous lancent ces préhistoires encore mal connues des Amériques, de l'Afrique, de l'Extrême-Orient, de l'Australie, c'est d'échapper définitivement à l'ethnocentrisme qui nous fait croire encore si souvent que nous sommes le modèle du reste du monde.
Or, nous savons aujourd'hui qu'il existe des haches polies en Australie depuis 20 000 ans au moins, alors qu'elles sont plus tardives chez nous ; nous savons aussi que pour maintes régions du monde, et pas seulement pour le Japon de l'ère Jomon, la poterie est antérieure à celle que l'on trouve au Proche-Orient et en Occident. En 1900, on en était à nier l'intérêt d'une préhistoire extra-européenne. En 2000, il est au contraire évident que la considération de cette préhistoire nous oblige à remettre en question tous nos schémas, et d'abord celui du Néolithique, dans son association entre la culture, la céramique et la pierre taillée. Le défi que nous lancent ces préhistoires encore mal connues des Amériques, de l'Afrique, de l'Extrême-Orient, de l'Australie, c'est d'échapper définitivement à l'ethnocentrisme qui nous fait croire encore si souvent que nous sommes le modèle du reste du monde.
Alain Testart, ancien ingénieur, diplômé de l'École des mines de Paris, est directeur de recherche au CNRS et membre du Laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France. Il a publié de nombreux articles et ouvrages sur les Aborigènes australiens, les chasseurs-cueilleurs, les rites et les croyances, l'esclavage et la monnaie primitive.
Quelques références :
La déesse et le grain : trois essais sur les religions néolithique, Errance, Paris, 2010.
Critique du don : études sur la circulation non marchande, Syllepse, Paris, 2007.
Des dons et des dieux : anthropologie religieuse et sociologie comparative, Errance, Paris, 2006 (2e édition révisée). Éléments de classification des sociétés, Errance, Paris, 2005.
La servitude volontaire : I, Les morts d'accompagnement ; II, L'origine de l'État., Errance, Paris, 2004.
Quelques références :
La déesse et le grain : trois essais sur les religions néolithique, Errance, Paris, 2010.
Critique du don : études sur la circulation non marchande, Syllepse, Paris, 2007.
Des dons et des dieux : anthropologie religieuse et sociologie comparative, Errance, Paris, 2006 (2e édition révisée). Éléments de classification des sociétés, Errance, Paris, 2005.
La servitude volontaire : I, Les morts d'accompagnement ; II, L'origine de l'État., Errance, Paris, 2004.