Le diagnostic mené à Allonnes depuis janvier 2009 présente les caractéristiques des sondages réalisés en milieu rural, dont les méthodes sont spécifiques.

Dernière modification
29 août 2016

Réalisé en deux phases, il est effectué à l'occasion du contournement des communes d'Allonnes et de Prunay-le-Gillon en Eure-et-Loir, sur les emprises des futurs ouvrages d'art (18 ha) et du tracé lui-même (environ 50 ha). Il a permis la découverte d'un important cimetière médiéval.

Circonscrire les découvertes, préciser leur nature

Circonscrire les découvertes, préciser leur nature
La méthode employée pour le diagnostic d'Allones et Prunay-le-Gillon est celle habituellement utilisée pour les diagnostics en milieu rural. Elle consiste en une exploration organisée, permettant de déterminer la présence ou non de vestiges archéologiques dans le sous-sol. Dans des tranchées linéaires, parallèles et régulièrement espacées, réalisées à l'aide d'une pelle mécanique équipée d'un godet de curage de 2,50 m, les terres végétales sont extraites.

Les tranchées représentent un échantillon d'environ 10 %  de la surface du projet. En cas de découverte, des moyens adaptés sont mis en oeuvre : ouverture mécanique de « fenêtres » complémentaires, fouille manuelle ou mécanisée, partielle ou totale de certains vestiges. L'objectif est de circonscrire les découvertes et d'en préciser la nature, la datation et l'état de conservation.
Des sondages profonds ont été réalisés dans les limons pléistocènes afin de rechercher la présence de gisements paléolithiques et quelques études ont été menées en archives pour préciser l'occupation médiévale mise au jour.

Des peuplades issues des grandes invasions

Un important cimetière médiéval a été découvert lors de la première phase du diagnostic. Il est situé au pied d'une église du XIIe siècle, en retrait du village d'Allones, qui, d'après plusieurs découvertes anciennes, se superpose à une agglomération antique. À partir des 400 sépultures recensées dans les tranchées, on peut estimer à 3 500 le nombre de tombes sur la totalité de l'emprise du contournement.
Les premières inhumations semblent relever des IVe-Ve siècles. L'orientation nord-sud des sépultures témoignerait de la présence en ce lieu d'une des dernières communautés gallo-romaine non convertie au christianisme, ou encore d'une des peuplades qui ont séjourné dans la région à l'occasion des grandes invasions du Ve siècle (Alains, Huns ...).
À partir du VIe siècle, on ne rencontre plus que des sépultures orientées est-ouest révélatrices des rites chrétiens. À partir de cette époque le cimetière s'étend et se densifie. Les dernières inhumations sont attribuées au Xe siècle. À partir du XIIe siècle et jusqu'à nos jours, le cimetière semble cantonné dans un espace restreint proche de l'église.

La deuxième phase du diagnostic confirme le fort potentiel archéologique du plateau beauceron et des abords de l'axe routier qui relie Chartres à Orléans, au moins depuis le IIe siècle avant notre ère. Dix-huit sites archéologiques, s'échelonnant du Néolithique au début du Moyen Âge, dont trois particulièrement intéressants, y ont été mis en évidence.
Aménageur : Direction régionale de l'Equipement
Grégoire Bailleux et Marie-France Creusillet (Inrap)
Contrôle scientifique : Service régional de l'archéologie (Drac Centre)