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Le Passé des Passages, 2 000 ans d’histoire d’un quartier commerçant à Besançon (exposition)
En partenariat avec l'Inrap, le Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon présente du 19 septembre 2020 au 4 janvier 2021 « Le Passé des Passages, 2 000 ans d’histoire d’un quartier commerçant ». Conçue sur le principe d'une traversée archéologique du temps, du plus récent au plus ancien, l'exposition restitue l'histoire d'un quartier bisontin deux fois millénaire, autour de la fouille exceptionnelle de la ZAC-Pasteur.Â
Date de publication
08 septembre 2020
Dernière modification
09 septembre 2020
La fouille archéologique à la ZAC-Pasteur réalisée entre 2010 et 2011, sur près de 4000 m2 en plein coeur du centre historique de Besançon, a livré une documentation très riche qui renouvelle notre compréhension de l’urbanisation bisontine. Ces vestiges, datés du Ier au XXe siècles, racontent l’histoire d’un quartier densément loti durant l’Antiquité, occupé par un petit cimetière carolingien, puis ré-urbanisé à la fin du Moyen Âge avant d’être redessiné par les hôtels particuliers à l’époque moderne.
XXe, XXIe siècles : L'archéologie en projet
L’exposition « Le Passé des Passages » propose de retracer l’histoire de ce quartier commerçant à la manière dont les archéologues abordent un site archéologique : en remontant le temps, depuis les couches supérieures qui correspondent aux périodes les plus récentes, pour descendre dans la stratigraphie jusqu’aux niveaux les plus anciens. L'archéologie préventive est en effet une discipline qui se conjugue d'abord au présent, en phase avec les aménagements urbains. Partant du XXIe siècle, l’archéologie du contemporain fait revivre les bouleversements de ce quartier au cours du XXe siècle, en particulier le percement de la Place et ses aménagements depuis les années 1970 comme l’installation, puis le démantèlement, de la fontaine centrale ou la succession des différents commerces et activités industrielles ayant animé le quartier.
Vue générale du chantier de fouilles de la Zac Pasteur
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Dominique Delfino, Inrap
Vue générale du chantier de fouilles, prise de la nacelle.
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Dominique Delfino, Inrap
Vue d’une partie des vestiges antiques en cours de fouille
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Dominique Delfino
Relevé d’un puits médiéval
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Dominique Delfino, Inrap
Vestiges d’un hypocauste, système de chauffage par le sol. On aperçoit les restes des pilettes sur lesquelles repose le sol de la pièce chauffée (habitation, balnéaire, etc.)
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Dominique Delfino, Inrap
Vestiges d’un balnéaire antique
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Dominique Delfino, Inrap
XIXe et XVIIIe siècles : L'Intendance suivra !
Au XIXe siècle, la topographie du quartier est celle que l’on connaît actuellement. L’ensemble de l’îlot est occupé par des immeubles séparés de cours étroites. Les commerces se concentrent principalement dans la Grande Rue, où l’on trouve pharmacies, librairies, confiseries, des magasins de textiles et de vêtements, etc. Cafés et brasseries se groupent vers le pont Battant, les rues Claude Pouillet et Louis Pasteur attirent, quant à elles, quelques commerces de proximité et ateliers d’artisans, tandis que les rues du Lycée et Émile Zola restent surtout résidentielles.
Tous les immeubles du quartier sont densément peuplés par des catégories
professionnelles très variées, dont de très nombreux ouvriers horlogers. Entre la Grande Rue et la rue Pasteur, un vaste ensemble d’immeubles est occupé par la famille Veil Picard, une famille célèbre pour sa réussite financière et ses actions de bienfaisance.
Le XVIIIe siècle est marqué par une intense activité constructive. D’une part, les autorités municipales cherchent à régulariser le plan de la ville et d’autre part, de grands hôtels particuliers sont construits tant par la noblesse que par la bourgeoisie parlementaire. Donnant sur la Grande Rue, l’hôtel Mignot de la Balme accueille entre 1718 et 1778 le siège de l’Intendance de Franche-Comté. Autour de ces hôtels, les immeubles abritent dans leurs étages les logements d’une population variée mais aussi des ateliers d’artisans, notamment des orfèvres dans la rue Claude Pouillet. Les rez-de-chaussée sont, quant à eux, occupés par des commerces dotés d’arcades boutiquières, encore visibles Grande Rue ou rue Claude Pouillet.
XVIe-IXe siècles : Clair-obscur médiéval
Les bâtiments modernes sont fondés en partie sur d’anciennes constructions médiévales, en particulier des caves. En effet, la fin du Moyen Âge constitue une période de renouveau pour la cité bisontine. Depuis la Charte de Franchise de 1290, qui affirme que la Commune détient son pouvoir de l’Empereur, la ville est divisée en Bannières, distinctes des paroisses. Rattaché à la Bannière du Bourg, aussi appelée Maisel (Boucherie), l’îlot Pasteur présente une image double. Des échoppes sont ouvertes sur les rues, le plus souvent il s’agit de locaux loués par des artisans/commerçants aux élites de la ville, nobles, bourgeois et religieux. L’ancien nom de la rue Louis Pasteur, la rue des Chambrettes, donne un aperçu de l’activité commerciale du quartier. Le XIIIe siècle voit le percement de la rue du Loup, sans doute une création spontanée, sans volonté urbanistique, dans laquelle une façade, encore visible, révèle une autre image du quartier. En effet, l’emprise de la fouille correspond aussi à un espace où se retrouve une partie du pouvoir laïc de la Ville.
Étui à besicles en laiton. Petite boîte en métal protégeant des besicles, ces lunettes sans branches et articulées en leur centre se portant pincées sur le nez. Moyen Âge (contexte XVe siècle).
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J.-L. Bellurget
D’une part, la Vicomté y est mentionnée et pourrait correspondre à la façade étudiée sur la rue du Loup. D’autre part, avant l’installation de l’Hôtel de Ville en 1393, les premiers gouverneurs de la Commune s’y retrouvent au n°8 de la rue Louis Pasteur, chez M. Porcellet, négociant en textile et banquier. L’emprise de la fouille, en cœur d’îlot montre la présence de jardins ainsi que des structures plus légères suggérant des activités d’artisanat, notamment métallurgique. À l’époque carolingienne, alors que de nombreuses institutions religieuses s’installent à Besançon, un cimetière a été mis au jour sur une partie du secteur fouillé.
Dés à coudre en bronze. La forme de cet objet utilitaire n’a pas évolué depuis le XIVe siècle. Moyen Âge à époque contemporaine (différents contextes du XIVe au XIXe siècle).
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J.-L. Bellurget, Inrap
IVe-Ier siècles : Commercium Anticum
Sous les couches médiévales, les aménagements antiques dévoilent un quartier dynamique, créé ex nihilo dans les années 40 de notre ère, avec la volonté d’occuper un lieu stratégique à l’entrée de la Boucle et à proximité du pont Battant. L’îlot est formé sur un espace marécageux qu’il a fallu aménager en conséquence. Le quartier, densément construit, s’organise autour d’une rue : les maisons, très souvent dotées de caves, ouvrent sur cette rue et possèdent le plus souvent un espace ouvert à l’arrière. Le parcellaire n’est pas figé durant ces trois siècles. On assiste à un modelage constant de l’espace urbain : certaines parcelles fusionnent, dénotant un enrichissement d’une partie de la population en lien avec les activités de commerce et d’artisanat qui s’y pratiquent. En effet, l’étude de ces espaces – bâtis ou non – révèle que les activités artisanales, de commerce et de bouche sont bien attestées. Une probable boulangerie a ainsi pu être mise en évidence, de même qu’un fumoir.
Canif à manche en ivoire. Ce petit couteau de poche à lame pliante présente un manche décoré d’un gladiateur armé et casqué prêt au combat. Antiquité (contexte IVe siècle).
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J.-L. Bellurget, Inrap
Certaines maisons affichent une image différente, ouverte vers le Doubs, qui présente une évolution caractéristique d’une domus privilégiée, avec balnéaire privatif et péristyle. Site de structures certes, mais duquel ont émergé des objets de grande qualité, à l’instar d’un canif pliable, dont le manche en ivoire est sculpté à l’image d’un gladiateur.
Fibule en bronze avec incrustations d’émail. La fibule est une sorte de broche servant à agrafer les vêtements, le bouton n’apparaissant qu’au Moyen Âge. Antiquité (contexte 250-400 de notre ère).
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J.L Bellurget, Inrap
Fibule en bronze. Cette fibule en forme d’amande est décorée d’incrustations en émail coloré. Antiquité (contexte 100-170 de notre ère).
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J.L Bellurget, Inrap
Fibule en bronze. Elle porte un décor de moulures et de protubérances latérales. Antiquité (contexte 40-70 de notre ère).
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J.L Bellurget, Inrap
Intaille en cornaline. Ce petit objet, décoré d’une chèvre couchée sous un arbre (décor en creux), est un chaton qui était serti sur l’anneau d’une bague. Antiquité (contexte 150-200).
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J.-L. Bellurget, Inrap
Cl. 7914
Bague en or. Cette bague est ornée d’une intaille représentant la nymphe Méthé buvant dans une coupe. Antiquité (contexte 70-150 de notre ère).
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J.-L. Bellurget, Inrap
Jetons de jeu en pâte de verre. Petits objets présentant une face plane et une face bombée, ils servaient de pions pour différents jeux de stratégie. Antiquité.
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J.-L. Bellurget, Inrap
Épingles en os. Ces objets de parure servent autant à maintenir les coiffures des femmes qu’à les embellir. Antiquité.
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J.-L. Bellurget, Inrap
Commissariat général :
Nicolas Surlapierre, Directeur des musées du Centre
Commissariat scientifique :
Julien Cosnuau, Responsable des collections d’archéologie, musée des beaux-arts et d’archéologie
Claudine Munier, Archéologue, Service Commun d’Archéologie Préventive, Ville de Besançon.
Christophe Gaston, Archéologue, Inrap
Valérie Viscusi, Archéologue, Inrap
