A Saint-Maurice, Val-de-Marne, Fouille de 900 m2 à l'intérieur de parois moulées.

Dernière modification
19 février 2016

L'enjeu scientifique et historique de ce site est important. En 1598, l'édit de Nantes établit la coexistence des communautés catholique et réformée, avec création de lieux de culte et séparation des cimetières.

Pour éviter une nouvelle nuit de la Saint-Barthélemy, les protestants sont invités à pratiquer leur culte à cinq lieues de Paris. Le célèbre temple de Charenton (aujourd'hui sur la commune de Saint-Maurice) est donc le lieu de culte des huguenots parisiens et de tous les Européens convertis de passage à Paris. La fouille a révélé l'emplacement du premier temple de Charenton, oeuvre de l'architecte Jacques II Androuet du Cerceau. Une partie des fondations permet de proposer un plan original pour cet édifice construit vers 1607 et incendié dès 1621 par des émeutiers catholiques. À l'est du temple sont enterrés des huguenots parisiens (à partir de 1606 et jusqu'en 1685).

La fouille d'un cimetière protestant est une première en archéologie funéraire. C'est sans doute dans leur attitude face à la mort que catholiques et protestants s'opposent le plus aux XVIe et XVIIe s. La fouille de 170 m2 de cimetière a permis d'identifier 156 sépultures primaires individuelles, une sépulture double et quelques ossuaires. Outre les aspects paléodémographiques et paléopathologiques, l'étude anthropologique doit définir si l'absence de culte pour les morts a des conséquences sur le mode d'inhumation. Au-delà de la grande austérité affichée, quelle est la réalité des pratiques funéraires huguenotes ? Des fosses de plantation signalent que temple et cimetières sont transformés en jardin d'agrément au XVIIIe s. Au XIXe s., l'hôpital Esquirol, largement connu sous le nom de « maison de fous de Charenton », recouvre la moitié du site sous de puissants déblais.