A Besançon, Doubs, un sondage réalisé en 1986 a amené la découverte d'une mosaïque à 2,50 m de profondeur dans un contexte des Ier et IIe siècles, justifiant une fouille, en 1989 et 1990, lors de la construction du parking souterrain de la mairie.

Dernière modification
10 mai 2016

Un deuxième sondage, réalisé en 1992, a révélé une nouvelle mosaïque s'intégrant au plan d'un grand bâtiment reconnu durant la fouille et interprété comme une domus ou un édifice à fonctions publiques. 

La Protohistoire

Les premières traces d'occupation du site sont des fosses d'extraction d'argile (IVe siècle ou début du IIIe siècle avant notre ère), mais le secteur n'est habité qu'à partir de -120.
À l'ouest d'un fossé au caractère à la fois défensif et d'assainissement, deux groupes d'habitats se composent de maisons d'environ 30 m2 en matériaux périssables, qui possèdent généralement une cave en pierres sèches et des foyers. Certaines sont dotées de puits à l'extérieur. Des zones de « terrains vagues » ou d'arrière-cours des maisons ont été déterminées grâce à l'analyse des pollens. La découverte de scories en fer et de parois de fours signale un artisanat du métal ; celle d'une fosse à fumier implique un élevage de bétail. À partir des années 40 avant notre ère, l'habitat est remplacé par des enclos, probablement destinés au bétail, conservant les mêmes orientations que l'habitat.

Les débuts de la période gallo-romaine

Le site étant entièrement recouvert par un remblai, aucune structure antérieure ne subsiste.
Dans un premier temps (-30/+1), les constructions obéissent à une nouvelle organisation spatiale et suivent des orientations différentes. La division en deux groupements d'habitats de petite taille perdure, illustrant peut-être la persistance d'un parcellaire hérité de la période gauloise. Le comblement du fossé permet au quartier de se prolonger à l'est, au-delà de l'ancien fossé. Les maisons, de 28 m2 en moyenne, comportent une à deux pièces ; certaines possèdent des auvents, porches ou appentis et des foyers à l'intérieur. Elles sont réalisées selon une technique de tradition gauloise associant une structure porteuse en bois à des murs en terre recouverts d'un enduit de chaux peint. Comme à la période gauloise, les habitations continuent d'intégrer une activité artisanale, notamment le travail du bronze.
Entre l'an 1 et l'an 15, les bâtiments s'organisent toujours au sein des mêmes groupes, répartis de part et d'autre d'un carrefour de voies. La rue principale (grosso modo nord-sud) se superpose presque à l'ancien fossé. Et tandis que certains petits habitats antérieurs se maintiennent, on voit apparaître de grandes propriétés. Deux changements principaux distinguent cette phase de la précédente en matière d'architecture et d'urbanisme : l'usage de la pierre et du mortier et l'apparition de bâtiments de superficies beaucoup plus importantes ayant nécessité le regroupement de plusieurs parcelles.
Entre 15 et 20 de notre ère, l'occupation se densifie, des deux côtés de la rue. Les petites unités d'habitat ou d'artisanat sont abandonnées au profit d'îlots complexes à vocations multiples. Jouxtant des constructions de taille moyenne, un vaste édifice a été observé sur une superficie de 1 000 m2. Il comporte une série de pièces organisées autour d'un espace rectangulaire couvert sur une surface de plus de 200 m2. Sous le sol de la grande pièce a été découvert un trésor de fondation (déposé sous le sol de l'édifice au moment de sa construction), enfermé dans une boîte en bronze ; il était composé d'aurei (deniers d'or) augustéens et de bagues en or liées par une cordelette. Cet édifice, à l'aspect de domus, pourrait avoir rempli une fonction publique (bâtiment de corporation, par exemple).
Au cours du Ier siècle, la construction d'un portique à l'avant d'une série d'édifices renforce le caractère monumental de la voie principale, sous laquelle est creusé un collecteur. Une petite place est aménagée au carrefour des voies et un bassin construit sur la chaussée.

Deuxième moitié du Ier siècle et IIe siècle

Le schéma général d'organisation des constructions change peu, mais des modifications sont visibles à l'intérieur des édifices. Ainsi la « domus » s'organise toujours autour d'une vaste pièce couverte ; désormais de plan carré, elle possède un couloir périphérique et une cage d'escalier en façade. Le sondage de 1992, au cours duquel a été mise au jour une mosaïque, a permis de compléter son plan. Le quartier semble toujours réunir des fonctions variées : habitat, commerce, artisanat, fonction publique et cultuelle (?).
La dernière phase de construction gallo-romaine (120-160 de notre ère) est marquée par une stabilité du plan d'ensemble dans la moitié nord du quartier, qui abrite la « domus », et par l'abandon du grand collecteur d'égouts. Un hypocauste à canaux rayonnants agrémente désormais le grand édifice, lequel n'est plus accessible par le portique de la voie. Un des bâtiments voisins, constitué d'une succession de pièces en forme de lanières étroites, est interprété comme un entrepôt.
La présence de monnaies du IIIe siècle semble indiquer une occupation durant ce siècle, avant abandon définitif du quartier.

Moyen Âge et époque moderne

Le site ne semble réoccupé qu'à partir de 1250. Il est alors divisé en deux parcelles séparées par un mur : d'un côté se situe le clos d'un couvent de clarisses (qui seront chassées à la Révolution française), et de l'autre les jardins d'une propriété dépendant de l'abbaye d'Acey (Jura) ; durant l'époque moderne cette propriété abritera l'Auberge du sauvage, table réputée de la ville qui sera détruite en 1834. Outre le mur de parcelle, les vestiges conservés se résument à des fosses dépotoirs : deux dans la parcelle des clarisses et cinq (dont l'une comble une glacière) dans le terrain de l'auberge. À la vente des biens nationaux, l'armée récupérera le couvent pour faire une manufacture d'arme.