Ce document présente la totalité des données archéologiques recueillies lors des recherches. 50 auteurs ont ainsi contribué à cet ouvrage qui a été remis au préalable aux services de l’État. 

Dernière modification
19 septembre 2019

La fouille du parking Jean-Jaurès à Nîmes, prescrite par la DRAC Occitanie, a constitué un évènement archéologique majeur en 2007 par son ampleur et la qualité des vestiges mis au jour. La remise officielle du rapport final d’opération à la ville de Nîmes, le maître d’ouvrage, est une nouvelle étape importante : composé de 8000 pages et 7200 illustrations, ce document présente la totalité des données archéologiques recueillies. 50 auteurs ont contribué à cet ouvrage qui a été remis au préalable aux services de l’État.  

La découverte de ce quartier de Nemausus a fait l’objet d’une diffusion importante tant auprès du grand public que de la communauté scientifique. Les études réalisées ont également nourri de nombreux thèmes intéressant l’histoire antique de Nîmes ainsi que, plus largement, le monde romain et la question de la romanisation des populations gauloises. Loin de clore cette dynamique, la finalisation du rapport ouvre de nouvelles perspectives de valorisation scientifique et culturelle. 

L’analyse de milliers de données

Plusieurs milliers de faits archéologiques ont été documentés sur cette fouille de 6500 m2, réalisée en 10 mois par une équipe d’une trentaine d’archéologue. Mis en relation les uns avec les autres, ils permettent de reconstituer la succession de tous les différents événements historiques, de la plantation d’un cep de vigne à la réfection d’une mosaïque en passant par la fondation d’une maison ou l’aménagement d’une fontaine publique.
120 000 tessons de céramiques, près de 10000 objets, plus de 9000 restes d’os animaux, 330 ensembles de peintures murales, etc ont été étudiés, décrits, photographiés, dessinés, mis en série et en contexte. Ils apportent des informations détaillées pour la compréhension des techniques, des savoir-faire, des modes de vie des populations du passé et ils constituent également une formidable base de données pour les recherches futures.

L’exploitation pluridisciplinaire  

Le rapport est également le fruit d’un travail pluridisciplinaire associant des chercheurs d’horizons différents, archéologues, historiens, spécialistes de l’Antiquité, numismates, zoologues, botanistes, anthropologues, architectes, généticiens … Leurs études apportent des éclairages thématiques sur l’artisanat du fer, l’activité potière, l’urbanisme, l’architecture, sur le décor à travers les mosaïques, les peintures murales et la statuaire, sur la religion, sur les échanges, la consommation et la vie quotidienne par l’étude des monnaies, de la vaisselle, des lampes, des restes osseux animaux, des graines…  La précision des analyses révèle jusqu’aux  gestes et personnalités d’alors, tels ce graffite figurant les exploits des gladiateurs, Xanthus et Hermas, qui combattent dans l’amphithéâtre tout à côté. Elles éclairent les coutumes comme celle de la consommation d’ours brun, dont les restes osseux ont été retrouvés dans la poubelle d’une domus, ou encore de l’importation de jujubes et de sébestes, depuis le Proche Orient, pour leurs valeurs médicinales ou magiques.

L’histoire d’un quartier de Nemausus

L’ensemble des données ainsi recueillies et restituées raconte de manière détaillée et argumentée l’histoire complète d’un quartier de Nîmes. Il y a 2500 ans, aux abords de la ville gauloise, se déploie l’un des plus anciens vignobles retrouvés en Gaule. Quelques siècles plus tard, après la conquête romaine, aux portes de Nemausus, des forgerons y battent le fer en bordure de la Via Domitia. À partir du règne d’Auguste (27 avant notre ère – 14 de notre ère), la ville romaine s’étend et englobe le secteur qui devient occupé par de somptueuses demeures aux décors soignés empreintes de culture latine. La désertion du quartier se fait au IIIe siècle. Par une boucle de l’histoire, le paysage urbain redevient zone de cultures, parsemée de quelques tombes dont certaines musulmanes - les plus anciennes retrouvées en France -  illustrent la présence sarrasine à Nîmes au VIIIe siècle. Le Cours-Neuf est aménagé au XVIIIe siècle. Dénommé avenue de la Camargue durant la seconde guerre mondiale, il est alors bordée par des abris souterrains protégeant les civils des bombardements aériens.

La diffusion des résultats

Dès le déroulement de la fouille elle-même, de multiples actions de valorisation construites en partenariat avec la direction des affaires culturelles de la Ville de Nîmes ont fait partager la découverte en cours : 3000 personnes, dont de nombreux groupes d’élèves, ont visité le chantier. Plus largement, plusieurs reportages documentaires réalisés pendant la fouille, une importante campagne médiatique ont porté les découvertes à la connaissance d’un public national et international, sur internet et dans la presse.
Plusieurs expositions ont également été réalisées en collaboration avec le musée archéologique de Nîmes, en 2008, 2009 et 2014. La première « La mosaïque aux mains des restaurateurs a permis au public de suivre les dernières étapes du travail de restauration sur la mosaïque de Penthée. La seconde exposition « Achille et Penthée » a permis de présenter ensemble les pavements restaurés de la même domus. La troisième exposition « Sous le regard de Neptune » a montré la statue de Neptune restaurée et restituée dans son contexte, au-dessus de l’exèdre d’un bassin.

Depuis le terme de la fouille, 35 conférences ont été données devant des publics variés, profanes ou spécialisés avec en particulier des conférences au Collège de France et au musée du Louvre. Dans la même perspective, 31 publications et articles ont déjà permis de livrer des données importantes à la communauté scientifique dont une spécifiquement consacrée aux sépultures musulmanes a eu un écho international.

Perspectives

Cette mise en valeur des résultats de la fouille va continuer avec de nouvelles et importantes publications scientifiques à venir. De même une partie importante des découvertes et résultats de la fouille du parking Jean-Jaurès va alimenter les dispositifs muséographiques permanents du Musée de la Romanité dont l’ouverture est prévue en 2018 (mosaïques, peintures, objets, restitutions, multimédias, dispositifs interactifs).
Ce travail collaboratif avec les équipes du musée est l’un des multiples et fructueux partenariats engagés avec la ville de Nîmes dans le cadre de convention qui lie l’Inrap avec la ville depuis de nombreuses années et qui vient d’être reconduite pour une période de 4 ans.

CHIFFRES-CLES

La fouille
6500 m2 explorés
2500 ans d’histoire
8 000 faits archéologiques
120 000 tessons de céramiques
10000 objets
9000 restes d’os animaux
330 ensembles de peintures murales

Le rapport
50 auteurs
5 tomes
24 volumes
8003 pages
7204 illustrations

La valorisation
2 plaquettes
3 vidéos de 6 mn
3000 visiteurs
3 «points-presses» nationaux
5 pupitres pour une signalétique in situ
3 expositions
1 film d’animation de 10 mn
1 long métrage de 57 mn
35 conférences
31 publications
Maître d’ouvrage : Ville  de Nîmes
Prescription et contrôle scientifique : DRAC Occitanie - Service régional de l’archéologie
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Jean-Yves Breuil