Adossée à la cathédrale néo-byzantine construite au XIXe siècle (1852-1893), la Vieille Major, édifiée à partir du XIIe siècle est l'ancienne cathédrale de Marseille. Fermée au public depuis près de 30 ans, elle fait l'objet depuis 2015 de travaux qui ont exigé un suivi archéologique de l'Inrap. À l'occasion des Journées européennes du patrimoine, l'Institut présente une visite virtuelle de ce remarquable exemple d'architecture romane provençale, ancien coeur historique de la vie religieuse marseillaise.

Dernière modification
16 septembre 2021

De novembre 2017 à juillet 2019, la cathédrale Sainte Marie Major de Marseille a fait l’objet d’importants travaux de restaurations commandités par la Conservation Régionale des Monuments Historiques, durant lesquels un suivi archéologique a été mené. L’étude architecturale de la cathédrale romane est venue étayer l’ensemble des connaissances acquises au fil des interventions sur ce monument mais également sur le quartier lors des fouilles du Tunnel et de l’Esplanade Major.

capture_vieille_major.jpg

Lancez la visite virtuelle de la Vieille Major.

La Vieille Major à travers les siècles

L’histoire du groupe épiscopal se déroule sur plusieurs siècles. Du premier ensemble établi au Ve siècle ont été découverts le baptistère et une partie de la demeure de l’évêque.

Deux paons de part et d'autre d'une fleur. Détail d'une mosaïque qui décorait le sol du palais épiscopal au Ve siècle.


Deux paons de part et d'autre d'une fleur. Détail d'une mosaïque qui décorait le sol du palais épiscopal au Ve siècle.

© Denis Gliksman, Inrap

La cathédrale paléochrétienne n’est connue qu’à travers les sols de mosaïque et par quelques éléments de maçonneries qui permettent de dire que son plan a déterminé celui de l’église médiévale. Elle a été utilisée jusqu’au XIe siècle, date à laquelle une abside semi-circulaire, flanquée d’absidioles, a été accolée contre un chœur surélevé qui formait au haut Moyen Âge une excroissance à l’est.

La cathédrale romane est un édifice dont l’analyse est compliquée par les nombreux remaniements et réfections successives. Le chantier a été réalisé durant tout le XIIe siècle et a débuté par la reprise du chevet tripartite et l’ajout d’un transept non saillant. Sa croisée est pourvue dans un second temps d’une coupole octogonale supportée par un tambour posé sur quatre trompes dans lesquelles sont représentées les figures symboliques des quatre évangélistes sculptées très finement dans un marbre gris. L’ensemble repose sur une série d’arcs en encorbellement destinée à passer d’une croisée barlongue à un plan carré. Initialement le projet de construction de cinq travées de nef devait reprendre l’emprise de la cathédrale du Ve siècle, mais seules trois travées furent édifiées.

Au XIVe siècle, l’ajout d’un grand clocher aujourd’hui disparu a nécessité que soit repris le voûtement de l’abside pourvu, alors, de puissantes nervures. Dans la première moitié du XIVe siècle, la chapelle Saint-Sérénus a remplacé l’absidiole du premier âge roman. Au sud, la chapelle du Saint-Sacrement de style gothique flamboyant présentait, comme celle du nord, un plan rectangulaire et un fond plat.

La cathédrale se développe progressivement avec l’ajout de chapelles latérales, seule demeurent la chapelle Saint-Louis ainsi qu’une partie de la « grande chapelle », achevée en 1644, cette chapelle sera dédiée un siècle plus tard à la Vierge.

En 1852 et 1893, est édifiée une nouvelle cathédrale en parti bâtie sur l’enrochement de la falaise qui bordait jusqu’alors le site. Sa construction a nécessité la démolition de la prévôté, de l’ancien baptistère ainsi que de deux travées de nef de la cathédrale médiévale qui est alors dotée d’une nouvelle façade. Cette dernière intègre une rosace issue de l’église Saint-Martin détruite lors du percement d’un axe majeur de la ville haussmannienne : la rue de la République.

Aménagement : D. Lecouvreur (Conservation régional des monument historique), F. Botton (architecte en chef des monuments historiques)
Contrôle scientifique : B. Bizot (Service Régional de l’Archéologie)
Responsable de l’opération : Fr. Paone (Inrap)
Équipe : S. Aissa, G. Frommherz B. Michaudel N. Molina, P. Mellinand, R. Pasquini, B. Sillano, L. Vallières
Collaborateurs : V. Blanc-Bijon (CCJ UMR7899), A.-M. D’Ovidio, (Pôle archéologique, Musée d’Histoire de Marseille – DAC Ville de Marseille), A. Hartmann-Virnich (AMU LA3M)