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2000 ans d’occupation sous la cour de la Préfecture à Dijon (Côte-d’Or)
À Dijon, une équipe de l'Inrap a mis en évidence une succession de séquences d’occupations depuis le Ier siècle de notre ère jusqu’au début du XXe siècle.
Un projet de construction d’une nouvelle salle de réunion dans la cour de la Préfecture de Dijon a motivé la réalisation d’une fouille préventive sur une surface de 491 m2. Cette intervention a permis de mettre en évidence une succession de séquences d’occupations depuis le Ier siècle de notre ère jusqu’au début du XXe siècle.
Vue générale de la fouille
© Patrick Noguès, Inrap
Une occupation antique modeste
Le secteur fouillé se situe à la sortie nord de l’agglomération antique de Divio, sur la bordure ouest d’une voie hypothétique reliant la ville à la Via Agrippa. L’occupation est matérialisée par une assise de fondation d’un mur orienté est-ouest, contre lequel s’appuie un cellier construit en pierres sèches. Quelques trous de poteaux viennent compléter cet ensemble datable des Ier et IIe siècle de notre ère, qui s’apparente plutôt à des aménagements occupant une arrière-cour. Des structures de ce type avaient été déjà mises en évidence lors de la fouille de la Clinique Sainte-Marthe, située à proximité vers l’est.
Mur et cellier antiques
© Christophe Gaston, Inrap
Le Moyen âge : des constructions liées au « Petit-Clairvaux »
Dès la fin du XIIe siècle, l’abbaye de Clairvaux crée à Dijon, à l’intérieur des nouveaux remparts de la ville et le long de la rivière du Suzon, une vaste maison de ville connue sous le nom de « Petit Clairvaux », et comprenant grand et petit cellier, chapelle, hôtellerie, pressoirs... L’emprise de la fouille occupe un secteur bien identifiable dans l’angle sud-est de ce domaine, à savoir la cour Saint-Bernard, longeant le petit cellier du XIIIe siècle malheureusement détruit au début du XXe siècle. Quelques structures mises au jour appartiennent à cet ensemble monastique. La première est une fosse circulaire maçonnée, datable du XIIIe siècle, qui pourrait constituer un rare exemple de glacière médiévale en contexte religieux. À cela s’ajoutent deux larges maçonneries des XIVe-XVe siècles, dont l’une, identifiable au mur d’enceinte sud du domaine, marquera jusqu’à la fin du XIXe siècle une limite parcellaire permanente.
Le XVIe siècle : une grande halle-hangar et une maison à louer
Au début de ce siècle, une vaste halle en charpente, sur piliers de bois, est construite dans la cour. De plan carré (9 x 9 m), elle est sans doute liée au fonctionnement du petit cellier (stockage de fourrage, de matériel de transport ?). Un incendie la détruit rapidement. À l’est, un bâtiment d’habitation est construit, en bordure de la rue longeant le domaine du Petit-Clairvaux, et près du portail d’entrée de celui-ci. Il s’agit d’une maison de rapport connue dans les textes sous le nom de « Logis Saint-Bernard », permettant à l’abbaye de s’assurer des revenus supplémentaires. Seul l’angle nord-ouest de sa façade arrière a pu être observé dans l’emprise de la fouille.
Détail d’un bloc-support de pilier de la halle du XVIe siècle
© Christophe Gaston, Inrap
Fosse maçonnée du XIIIe siècle (glacière ?)
© Christophe Gaston, Inrap
Succession de maçonneries (enceinte médiévale puis murs parcellaires modernes)
© Christophe Gaston, Inrap
Du XVIIe au XIXe siècle : grange, cave, four et puits
Après l’incendie de la halle, une grange maçonnée est construite, adossée au mur d’enceinte. Elle est reconstruite au début du XVIIIe siècle. Après la Révolution, l’ancien logis Saint-Bernard est détruit, comme plusieurs édifices du Petit-Clairvaux, et fait place à un nouveau bâtiment remployant de nombreux blocs médiévaux dans ses maçonneries. Dans la nouvelle construction, une grande cave est aménagée, comprenant deux structures se faisant face : un puits à double accès (depuis la cour et depuis la cave) et un grand four à pain, ce four étant peut-être lié à la présence, à partir du milieu du XIXe siècle, de l’auberge dite « du Grand Saint-Michel ». L’ensemble est détruit et remblayé au début du XXe siècle, lors de la construction des bâtiments actuels de la Préfecture.
Remplois médiévaux dans le puits moderne
© Christophe Gaston, Inrap
Four à pain moderne
© Christophe Gaston, Inrap
Puits moderne à double accès
© Christophe Gaston, Inrap
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bourgogne - Franche-Comté)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Christophe Gaston, Inrap