La fouille, d'une superficie de 3 000 m2, se trouve dans le quartier du Fort à Saint-Pierre. Ce quartier est l'un des premiers lieux d'implantation des Français à partir de 1635, date d'annexion de la Martinique. La fouille se situe en périphérie nord de ce quartier, dans une zone qui ne sera urbanisée que tardivement, vers la fin du XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle. Appelé la « nouvelle cité », ce sont des maisons avec jardins qui y sont construites, formant un quartier résidentiel.

Dernière modification
29 août 2017

Détruits lors de l'éruption de la montagne Pelée le 8 mai 1902, les bâtiments ont été relativement bien préservés sous une épaisse couche de cendres. Le terrain concerné par le projet d'aménagement, situé en périphérie de la ville de Saint-Pierre, n'avait pas reçu de nouvelles constructions après la destruction de la ville, ce qui explique le bon état de conservation des vestiges.

Une habitation coloniale martiniquaise

Aucune occupation amérindienne n'a été mise au jour. Les vestiges comprennent une unité d'habitation (et peut-être la partie d'une 2e unité). L'accès s'effectue par le nord par une large allée bordée de murets agrémentés de plantes, comme l'attestent les nombreux pots de fleurs retrouvés sur l'allée. De part et d'autres, des fosses témoignent de plantation d'arbres. Un bassin circulaire borde le jardin et la cour sur laquelle la maison ouvre vers l'ouest.
La maison possède un module central rectangulaire, subdivisé en 3 pièces en enfilade desservies par un couloir central face à la façade nord. Une pièce a ensuite été ajoutée au sud, selon un schéma qui semble fréquent dans l'architecture coloniale martiniquaise. Des galeries ouvertes assurent un espace de fraicheur devant les façades. L'architecture de la maison repose sur des poteaux plantés, les espaces entre-poteaux sont fermés par des maçonneries dont l'élévation reste probablement limitée à un soubassement qui protège de l'humidité, tandis que le mur devait être palissadé de bois.
Il n'est pas exclu que cette maison ait eu un étage, les imposantes fondations des poteaux d'angle incitent à le penser. La présence de planchers indique toutefois que des chambres se situaient également au rez-de-chaussée.

Des vestiges bien conservés

La construction du bâtiment est très bien calée chronologiquement. Elle correspond à la réfection d'un bâtiment antérieur, dont l'arase des murs a été retrouvée ponctuellement, mais dont le plan n'est pas connu. Les travaux de réfection et de construction de la nouvelle maison étaient en cours au moment où est survenue une éruption phréatique de la montagne Pelée. La ville de Saint-Pierre a alors été recouverte d'une fine couche de cendres et, par un hasard exceptionnel, les remblais du sol de la construction ont ici scellé et préservé ce témoin du 5 aout 1851.
Les bâtiments à usage domestique sont séparés de la maison par une cour, dans laquelle se trouve un puits. Parmi les bâtiments, la présence d'un foyer bordé d'un potager permet d'identifier la cuisine, tandis qu'une autre pièce abrite un four à pain. Des canalisations de terre cuite traversent la cour, permettant l'évacuation des eaux usées vers le nord, probablement jusqu'à l'allée Pécoul, rue desservant ce quartier et descendant vers la mer.