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Avant le gazoduc, archéologie en Val-de-Saône : plus de 10 000 ans de vestiges
Dans le cadre du développement de son réseau de transport de gaz naturel, GRTgaz a engagé sur le territoire des travaux de grande ampleur. Cet aménagement a engendré de nombreuses fouilles préventives, prescrites par l’État et réalisées par l'Inrap.
Les travaux consistent en la pose d’un nouveau gazoduc, l’artère du Val de Saône, d’un diamètre de 1,20 m et de près de 188 kilomètres de long entre Étrez (Ain) et Voisines (Haute-Marne), en l’adaptation des interconnexions des sites industriels existants d’Étrez, Palleau (Saône-et-Loire) et Voisines et dans le renforcement de la compression à Étrez
Cet aménagement a engendré de nombreuses fouilles préventives, prescrites par l’État (Drac Alsace, Lorraine, Champagne Ardenne, Drac Bourgogne Franche-Comté et Drac Auvergne Rhône-Alpes). L’Inrap a d’abord réalisé 22 diagnostics sur le tracé du gazoduc, sur une surface de 469 hectares. Les diagnostics positifs ont donné lieu à 37 fouilles archéologiques sur 26 communes différentes, permettant ainsi d’explorer les sous-sols de la région sur plus de 14 hectares.
Ce projet d’envergure a mobilisé au total 147 agents opérationnels et administratifs. 29 responsables d’opération ont dirigé les chantiers de fouilles qui ont rassemblé 118 archéologues sur le terrain et pour les études en post-fouille. 23 agents administratifs ont permis la mise en œuvre du projet : préparation des opérations, coordination, mise en sécurité des chantiers, conventions, montage du dossier, gestion des collections, communication, etc.
Plus de 10 000 ans de vestiges archéologiques
Si l’emprise de l’aménagement du gazoduc n’est pas très large, la longueur du tracé et sa localisation en dehors des zones urbanisées, ont été une remarquable occasion pour les archéologues d’explorer des territoires jusqu’alors peu fouillés et étudiés. Le gazoduc (Val de Saône) s’étendant sur 188 kilomètres, les fouilles ont permis de mettre au jour une grande variété de vestiges archéologiques qui attestent une occupation humaine de plus de 10 000 ans sur les territoires traversés. De la période préhistorique à l’époque moderne, ces découvertes et leur étude permettent d’enrichir la carte archéologique, de mieux saisir les dynamiques d’occupation de la région, les éventuels mouvements de population ou évolutions économiques, agricoles ou sociales. Grâce à cet aménagement, plusieurs sites d’importance ont ainsi pu être révélés par les archéologues.
De la fouille au gazoduc : l’archéologie préventive pour les plus petits
En parallèle de l’aménagement du gazoduc et des opérations archéologiques qui l’ont précédé l’Inrap et GRTgaz ont proposé à 30 écoles des communes concernées un module pédagogique de présentation des découvertes archéologiques et de la chaîne gazière. Une manière ludique de lier archéologie et aménagement en amenant les élèves à s’interroger sur le passé et le présent de leur territoire.
Quelques découvertes remarquables
Des tumuli protohistoriques à Lux
La fouille archéologique du site de Lux, en Côte-d’Or, a mis en évidence une occupation importante allant de la fin de l’âge du Bronze au premier âge du Fer. Les archéologues de l’Inrap ont découvert trois tumuli agrandis au fur et à mesure de leur utilisation entre 1000 et 250 avant notre ère afin de permettre d’accueillir plusieurs défunts. La découverte de ces tombes monumentales, exceptionnelle pour la région, permet de mieux comprendre le traitement réservé aux défunts à cette époque.
Un important atelier de potiers et de tuiliers à Broin et au Val d’Esnoms
L’occupation gallo-romaine révélée par le tracé est marquée par la découverte de deux tuileries très bien conservées à Broin (21) et au Val d’Esnoms (52). Les vestiges d’un ensemble de fours de tuiliers et de potiers accompagnés de leur halle de séchage ont été mis au jour. Ces découvertes datant des IIe et IIIe siècles de notre ère nous donne d’intéressantes indications sur l’économie de ces secteurs à l’époque antique : les vestiges et réaménagements identifiés indiquent une production en série de tuiles, briques, tegulae, imbrex et tubuli, utilisées localement à cette période.
Un établissement rural gallo-romain à Aprey
Une villa gallo-romaine très bien conservée a été mise au jour sur le site d’Aprey, en Haute-Marne. Une couche d’incendie retrouvée dans l’une des pièces de l’établissement a permis la découverte d’une scène presque intacte de la vie des anciens habitants, livrant un ensemble cohérent de mobilier en place. Une cymbale, de l’outillage, de la vaisselle, de la monnaie : environ 700 objets métalliques ont été retrouvés sur le site, dont la majorité dans cette pièce incendiée. Vestiges et mobilier archéologique renvoient l’image d’une exploitation agricole antique de taille moyenne, rarement étudiée en si bon état de conservation architecturale, qui plus est dans un secteur peu fouillé.
Aménagement : GRTgaz
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac Grand Est, Drac Bourgogne-Franche-Comté, Drac Auvergne Rhônes-Alpes)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Régis Labeaune, Inrap
Gazocuc Val de Saône - Lux, Sous la Chaignée et La Sablière
© Comair-Inrap, 2016.
Gazocuc Val de Saône - Lux, Sous la Chaignée et La Sablière
© Comair-Inrap, 2016.
Gazocuc Val de Saône - Lux, Sous la Chaignée et La Sablière
© Comair-Inrap, 2016.
Four de tuilier sud en cours de fouille
© S. Brassaud, Inrap
Four de tuilier sud, en cours de fouille
© S. Morel Lecornué, Inrap