Depuis la fin de l'année 1999, l'agglomération bordelaise fait l'objet d'importants travaux destinés à la mise en place du tramway, qui entraine de multiples excavations et oblige souvent à restructurer l'espace urbain. C'est à cette occasion que vient d'être réalisée, devant le portail nord de la cathédrale Saint-André, une importante découverte archéologique.

Dernière modification
18 octobre 2019

Les restes de ce qui semble avoir été le rez-de-chaussée d'un porche ou d'une tour-porche ont été dégagés 30 cm sous l'asphalte. Quatre gros piliers composent les bases de cet édifice qui présente une élévation de 1,80 m pour une superficie bâtie de 150 m2. Les tours-porches sont fréquentes dans l'architecture religieuse du centre et de l'ouest de la France depuis au moins le milieu du XIe siècle (cf. Saint Benoît-sur-Loire, Saint-Porchaire de Poitiers, Saint-Front de Périgueux).

La tour-porche, entrée principale de la cathédrale

A Bordeaux, les vestiges offrent un appareil caractéristique du XIIe siècle. Les bases des colonnes qui ornent les différents portails de ce porche présentent des détails architecturaux qui incitent à dater cet édifice du premier quart du XIIe siècle. Ce porche s'appuie sur un mur extrêmement puissant qui semble être l'extrémité nord d'un transept plus large qu'aujourd'hui, comme l'avait envisagé l'historien Jacques Gardelle de l'université de Bordeaux. Au XIIe siècle, cet ensemble constituait l'entrée principale de la cathédrale. C'est par ce porche qu'en 1137 Aliénor d'Aquitaine et le futur roi de France, Louis VII, pénétrèrent lors de leur mariage.

Une crypte ornée de peintures murales

Très tôt, la tour connut des problèmes de stabilité ; le pilier nord-est présente des signes évidents d'affaissement en raison de la nature marécageuse de ce secteur de Bordeaux. Il fut donc décidé, probablement au début du XIIIe siècle, de condamner les accès à ce porche et sa communication avec l'intérieur de la cathédrale romane par l'édification de murs entre les trois accès. Une nécropole à sarcophages s'installa tout autour et le rez-de-chaussée de la tour fut transformé en une sorte de crypte à l'intérieur de laquelle on accédait par un escalier. Une peinture murale polychrome, représentant un saint couché dans une barque (Saint Jacques ?), vint orner le mur du pilier occidental ; des sarcophages et un bénitier furent aussi déposés dans ce lieu. A la fin du XIIIe siècle ou au tout début du XIVe siècle, l'ensemble fut totalement abandonné et comblé pour édifier un nouveau portail qui constitue encore de nos jours l'entrée principale de la cathédrale.

Les opérations de relevés archéologiques se poursuivront jusqu'au 18 août 2003 sous la responsabilité de Wandel Migeon de l'Institut national de recherches archéologiques préventives avec la collaboration de Philippe Araguas, professeur d'histoire médiévale de l'université de Bordeaux. Le service régional de l'Archéologie de la Direction régionale des affaires culturelles d'Aquitaine, qui assure le contrôle scientifique de l'opération, a demandé que ces vestiges d'une importance historique et architecturale évidente soient conservés. Les découvertes seront donc très provisoirement recouvertes à la fin de la fouille dans l'attente d'une décision définitive qui ne pourra être prise qu'en concertation avec toutes les collectivités territoriales et maîtres d'ouvrage concernés.
Archéologue responsable d'opération : Wandel Migeon (Inrap)
Contrôle scientifique : DRAC Aquitaine/service régional de l'Archéologie
Aménageur : Ville de Bordeaux, communauté urbaine de Bordeaux
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