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Le plus ancien four antique de Toulouse (Haute-Garonne)
Suite aux fouilles archéologiques de la station François Verdier, la ligne C du métro de Toulouse ouvre une nouvelle fenêtre d'observation de la ville antique à l'occasion de la construction du puits de secours Saint-Aubin par Tisséo. Le site a livré, outre les vestiges d’une rue moderne, un grand nombre de tombes tardo-antiques ainsi qu’un four rempli de céramiques datant du Ier siècle apr. J.-C.
Quatorze sépultures du IIIe au VIe siècles
Les archéologues sont intervenus dans un secteur situé à l’extérieur des remparts romains, connu par plusieurs opérations antérieures qui suggéraient la présence des vestiges d’une nécropole de la fin de l’Antiquité romaine. Mis en évidence à 2,5 m de profondeur lors de la fouille, le niveau antique a effectivement livré un grand nombre de structures funéraires puisque 14 tombes par inhumation ont été découvertes dans l’emprise. Si aucun vestige signalant la nécropole n’a été retrouvé, les fosses, pouvant atteindre 2 m de long pour 75 cm de large, étaient organisées selon deux axes, orientés nord-sud. Les tombes étaient composées de coffrages constitués de planches de bois solidarisées par quelques clous (plus ou moins nombreux selon les cercueils) et calés par des fragments de briques ou de tegulae.

À l’emplacement du puits de secours Saint-Aubin, les archéologues de l’Inrap ont mis au jour de nombreuses sépultures antiques.
© Didier Paya, Inrap
La majorité sont des sépultures d’adultes, avec quelques jeunes enfants. Aucun mobilier funéraire n’a été découvert, à l’exception d’une monnaie et d’un balsamaire retrouvés aux côté du défunt de la tombe la plus ancienne, datable du IIIe ou du IVe siècles – dans l’attente d’une datation plus précise par le radiocarbone, les autres ont été datées par typologie approximativement du IVe ou du Ve siècle.

Les défunts étaient enterrés dans des coffrages en bois.
© Didier Paya, Inrap
À noter qu’une des tombes a été victime de pillage : une fosse y a été creusée pour atteindre le crâne d’un défunt et le prélever. La découverte d’une agrafe « à double crochet » dans le comblement de l’excavation peut dater le geste, au plus tôt, de la fin du VIe siècle, mais la céramique collectée permettra peut-être d’établir une meilleure chronologie.

Cette sépulture (13) a été en partie pillée au début du Moyen Âge.
© Didier Paya, Inrap
Un exceptionnel four du Ier siècle apr. J.-C.
Le second secteur de la fouille a livré une découverte aussi inattendue qu’exceptionnelle. Dans une couche plus ancienne que les tombes – le creusement d’une sépulture durant l’Antiquité tardive a d’ailleurs détruit une partie de la chambre de cuisson – les archéologues de l’Inrap ont mis au jour un four, destiné à la cuisson de céramiques.

Vue de la chambre de cuisson remplie de céramiques, datées du Ier siècle apr. J.-C.
© Didier Paya, Inrap
D’un diamètre interne de 1.35 m, il présente une facture gauloise. Le four s’étant effondré pendant la cuisson d’un chargement, de nombreuses céramiques, souvent complètes, ont été retrouvées dans le laboratoire mais aussi dans la fosse de travail. Une première étude du mobilier indique que celui-ci date du Ier siècle de notre ère, ce qui ferait de ce four le plus ancien four antique découvert à Toulouse.

Vue générale du four à l’issue de la fouille.
© Didier Paya, Inrap
Mise au jour de l’ancienne rue Riquet
Dans les couches au-dessus du niveau antique, à 80 cm de profondeur, les vestiges les plus récents mis au jour sont ceux d’une rue. Elle était bordée par un mur complètement épierré au moment de la fouille, régulièrement relayé par des piliers dont les bases de fondations ont été mises en évidence.

Vue (depuis le sud) de l’ancienne rue Riquet mise au jour dans les couches les plus récentes.
© Didier Paya, Inrap
Cet axe moderne a été identifié comme une portion de l’ancienne rue Riquet, avant sa translation vers l’Ouest. A l’ouest de la zone fouillée, un fossé moderne semble avoir précédé la construction de la rue. Tardivement, à une époque inconnue, un nouveau mur a été construit sur le même axe que l’ancien, alors que la rue n’existait plus. La datation de ce tracé, visible sur le cadastre de 1830, sera affinée par l’étude du mobilier du remblai qui la soutient.
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Occitanie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Didier Paya, Inrap