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Découverte d'un souterrain sur le tracé de l'A19
Les souterrains occupent encore aujourd'hui une place importante dans la mémoire collective des habitants du plateau de la Beauce, alimentée de temps à autre par des trouvailles fortuites et bien réelles.
Mais rien ne laissait pressentir que le site fouillé sur le tracé de l'A19, à cheval sur les communes d'Aschères-le-Marché et de Villereau, allait livrer l'un des exemplaires les mieux conservés du Loiret.
Ce site avait surtout été remarqué pour son occupation gauloise, caractérisée par de nombreux silos, de taille et morphologie diverses et datés entre 400 et 250 av. J.-C. Toutefois, la fouille a mis en évidence une occupation beaucoup plus complexe, qui se prolonge jusqu'au bas Moyen Âge : une unité agricole des XI et XIIIe siècles, composée d'un enclos enserrant des silos ainsi qu'un bâtiment de bois, dont seuls les trous de poteau et quelques fragments de torchis sont arrivés jusqu'à nous. Cet ensemble était complété par ce qui semblait être, à première vue, un simple cellier excavé.
Un réseau souterrain inattendu
Son caractère exceptionnel et son excellente conservation ont justifié la mise en place d'une seconde intervention archéologique exclusivement consacrée à son étude et à sa fouille. C'est donc une équipe réduite, composée d'archéologues et de topographes de l'Inrap, qui s'est attelée à cette tâche pendant un peu plus de deux semaines.
Dans ses grandes lignes, le souterrain se composait d'un système de galeries creusées dans le calcaire marneux du Miocène. Développé sur une trentaine de mètres, ce réseau au tracé coudé desservait deux petites pièces avant de s'ouvrir sur une plus vaste salle aujourd'hui inondée. Ce système était complété par un dispositif de fermeture du premier tronçon au moyen d'une porte dont il ne subsiste que l'emplacement des montants (ou cadre dormant).
Les traces d'outils encore visibles sur les parois suggèrent que le souterrain a été creusé simultanément à partir de l'entrée et depuis des puits d'extraction ; ceux-ci permettaient d'évacuer directement les déblais, sans avoir à les amener jusqu'à l'entrée principale. L'un des puits a été rebouché sitôt l'ouvrage achevé, tandis que le second a été laissé ouvert durant le fonctionnement du souterrain, peut-être pour assurer la ventilation et l'illumination de la dernière salle. L'éclairage du reste du souterrain était assuré par de petites niches pratiquées dans les parois et dans lesquelles pouvaient être placées lampes ou chandelles.
Une source archéologique exceptionnelle
Si son caractère de refuge transparaît pleinement dans des aménagements dits de « défense passive » (coudes à angle droit, chatière, porte), on ne peut exclure qu'il ait également servi à stocker et donc à protéger des denrées alimentaires.
L'étude des restes de charbons (anthracologie), de graines (carpologie) et de la microfaune (archéozoologie) apportera sans nul doute des renseignements supplémentaires sur la fonction du souterrain et sur son insertion dans un environnement socio-économique et historique plus large.