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Découverte de la première gare de voyageurs de France
Au Pecq, dans les Yvelines, les archéologues de l’Inrap viennent de mettre au jour l’ancienne gare du Pecq, inaugurée en 1837.
Prescrite par le Service régional de l’Archéologie d'Île-de-France, la fouille, réalisée par une équipe de l’Inrap du 29 mars au 19 mai 2017, en amont d’un projet immobilier, fait suite à la découverte de plaques de retournement de locomotive, mises au jour lors du diagnostic archéologique mené par l’Inrap en octobre 2016.
Un riche patrimoine ferroviaire
La fouille de l’emplacement de l’ancienne gare du Pecq a révélé un important ensemble conservé. La partie bâtie accueillant le bâtiment de la gare, ainsi que la partie technique liée à l’occupation des voies, représentent un témoignage inestimable de la toute première gare de voyageurs de France. Les archéologues doivent maintenant analyser le mobilier et toutes les données issus des deux mois de fouille, ainsi que compléter ces travaux par une étude en archives.
L’exploitation de cette destination, lieu de villégiature privilégié par les Parisiens en goguette, que représente au XIXe siècle la ville royale de Saint-Germain-en-Laye, avec le parc, les bords de Seine et la fête des loges, participe à l’engouement pour cette gare. Le succès sera immédiat.
La grandeur et la qualité de la construction de la gare du Pecq, démontrent une volonté de marquer les esprits et de lancer une dynamique, celle de l’exploitation du chemin de fer, qui sera un vecteur de l’essor économique lié à l’industrialisation du pays.
Un ensemble monumental construit à l'initiative des frères Pereire
La fouille, sur une surface de 1 600 m², a mis au jour un ensemble bâti, identifié comme la gare du Pecq, inaugurée en 1837. Il s’agit du soubassement (caves et fondations) de l’aile nord du bâtiment de la gare. L’ensemble se compose de murs, d’un vestige de voûte, d’une latrine, de sols en plâtre, et d’une façade au parement soigné, signalant un espace de circulation.
Cet ensemble, monumental, présente une bonne qualité de construction. Dès lors on comprend que les célèbres frères Pereire, riches industriels à l’origine de la création de cette gare, terminus de la ligne Paris-Saint-Lazare – Saint-Germain-en-Laye, aient voulu afficher leur capacité à construire dans le grandiose et investir pour l’avenir dans le chemin de fer.
Les objets dédiés à la gare
Des fragments de vaisselle composant le service du restaurant ont été retrouvés lors de la fouille. Les assiettes sont ornées de motifs figuratifs liés à la gare. Sur l’une d’entre elles apparaît l’inscription « Le quai… », d’autres sont rehaussées de dorures.
Les habits des employés semblent avoir aussi fait l’objet d’un soin particulier. Des boutons et appliques décorés de locomotives ornaient leur vêtement. Entre le code vestimentaire et la vaisselle du restaurant, il s’agit d’une véritable immersion dans le monde ferroviaire, tel qu’il fut voulu par ses investisseurs.
L’hôtel de la gare
Le second bâtiment, qui correspond à l’hôtel de la gare, se situait à l’ouest de la fouille, en grande partie en dehors de l’emprise prescrite, et n’a donc pu être abordé par le chantier archéologique. Cependant, certaines structures liées à ce bâtiment ont été découvertes, telles que des piliers, qui recevaient probablement les arcades de la façade ouest, menant au hall du bâtiment. Ces piliers se composaient de blocs de calcaire et de pieux de bois enfoncés à plus de 3,50 m de profondeur, indiquant une élévation importante qu’il fallait maintenir dans un terrain meuble.
Les voies
Au niveau des voies, si les rails n’étaient plus en présence, sans doute récupérés comme tous les éléments métalliques, un certain nombre de structures ont pu être identifiées, principalement les plaques de retournement des locomotives. Il s’agit de grandes structures circulaires situées au bout des voies, sur lesquelles les locomotives se positionnaient puis étaient tournées manuellement pour être acheminées sur une autre voie. La fouille a permis de dégager les trois fondations de ces plaques de retournement qui avaient été partiellement mises au jour lors du diagnostic. Les tranchées recevant les butoirs ont également été fouillées. Le réceptacle d’une grue hydraulique a été mis au jour, livrant une magnifique vasque taillée dans un important bloc de calcaire.
Enfin, les murs de contrescarpe du soubassement des voies ont été découverts. Situés sous les quais, ils retenaient la poussée du talus soutenant les rails et le poids des trains.
Un archéologue au travail.
© Laurent Petit, Inrap 2017
Vue de l'aile nord dans sa partie est (depuis le sud-ouest). L'espace aménagé vers les quais. Le cerclage, probable gazomètre permettant l'éclairage du bâtiment.
© Laurent Petit, Inrap 2017
Partie ouest de l'emprise de fouille. Premier plan : les pavés de l'aménagement XXe siècle. Les plaques de retournement en arrière plan.
© Laurent Petit, Inrap 2017
Installation technique : vasque de récupération d'eau de la grue hydraulique. Second plan fondation des plaques de retournement.
© Laurent Petit, Inrap 2017
Fondation de la grue hydraulique, vue de la vasque.
© Laurent Petit, Inrap 2017
Vue de la cave voûtée depuis l'est.
© Laurent Petit, Inrap 2017
L'aile nord dans sa partie est.
© Laurent Petit, Inrap 2017
Murs et parements sud, sous les quais permettant le soutient du talus de soubassement des voies.
© Laurent Petit, Inrap 2017
Fragment de stuc à décor floral.
© Laurent Petit, Inrap 2017
Mobilier métallique (non restauré) issu de la fouille : un bouton orné du décor en bas relief d'une locomotive. On lit l'inscription Saint-Germain Versailles, du nom de l'une des compagnies fondées en 1837 par les frères Péreire.
© Laurent Petit, Inrap 2017
Applique représentant une locomotive. Mobilier (non restauré) issu de la fouille.
© Laurent Petit, Inrap 2017
L'aile nord du bâtiment. Vue de la partie ouest (depuis l'ouest). Au premier plan, un mur de refend et son arc de décharge. Au fond, la latrine de la gare.
© Laurent Petit, Inrap 2017
L'aile nord vue depuis le sud.
© Laurent Petit, Inrap 2017