À Morschwiller-le-Bas, la fouille d’un ancien vallon, aujourd’hui comblé, révèle des vestiges du Mésolithique, d’environ 9000 avant J.-C., et un monument funéraire du Néolithique final, datant de 3500-3100 avant J.-C., sans équivalent connu à ce jour en Alsace.

Dernière modification
08 décembre 2021

Depuis octobre 2021, une équipe d’archéologues de l’Inrap mène une fouille, sur prescription de l’État (Drac grand Est), à Morschwiller-le-Bas (Haut-Rhin), en amont de la construction d’un lotissement par Terre & Développement. 
 

Sur les traces de la Préhistoire

Sur le terrain les archéologues retrouvent de nombreuses traces éparses de l’occupation la plus ancienne du site, entre 9000 et 5500 avant notre ère, notamment des concentrations de déchets de taille de silex. Ces petites lamelles tranchantes, parfois transformées en pointes, servaient à tailler les pointes de flèches. À cette époque, les populations préhistoriques étaient encore nomades et vivaient essentiellement de la chasse à l’arc, de la cueillette et de la collecte. Ces concentrations correspondent à des haltes de chasse, sorte de campements temporaires. Grâce aux particularités de certaines pointes de flèches, deux haltes peuvent être datées du Mésolithique ancien, soit 9000 ans avant notre ère. Une troisième halte, qui contient une fléchette plus évoluée techniquement, pourrait être datée de 6000 à 5500 avant notre ère.

Un habitat néolithique

Les archéologues ont également identifié un habitat du Néolithique qui témoigne d’une première installation pérenne sur le territoire, conforme aux pratiques des premières populations agro-pastorales qui se sédentarisent grâce à la découverte de l’agriculture et de l’élevage. La mise au jour de lames de haches polies, de polissoirs et de meules permet aux archéologues d’étudier les différentes aires d’activités telles que réparties sur ce site : zones de défrichage des terrains, de production de farines comme l’attestent plusieurs meules découvertes sur le terrain.

Fragment de hache polie néolithique en roche verte probablement d'origine alpine

Fragment de hache polie néolithique en roche verte probablement d'origine alpine.

© Sylvain Griselin, Inrap

Plusieurs fosses et silos, employés comme dépotoirs ont été trouvés et rendent très concrète la première occupation sédentaire du site. Ces fosses ont livré différents déchets de silex taillés, des meules et fragments de haches polies, des ossements de faune (cochons et bovidés) et des fragments de vases en céramique.

Coupe d'un des silos néolithiques.

Coupe d'un des silos néolithiques.

© Cécile Blondeau

 

Un monument funéraire monumental du Néolithique final (3500-3100 avant J.-C.)

De manière plus singulière dans la région alsacienne, les archéologues ont mis au jour une structure monumentale conséquente, à vocation funéraire. Mesurant 15 m de long sur 5 m de large, elle est constituée de blocs calcaires importés spécifiquement sur le site, provenant au minimum de trois kilomètres. Un espace relativement vide apparaît au milieu de cette structure, qui semble matérialiser une allée. Dans une partie du monument, plus de 200 fragments d’ossements humains, appartenant à différents individus de tout âge, enfants et adultes, ont été retrouvés. Les ossements sont tous très fracturés ce qui confirme l’hypothèse d’un rejet ou d’une mise à l’écart volontaire que l’étude ultérieure pourra préciser. Inconnu en Alsace, un tel monument qui devait probablement être couvert avec une toiture en bois, se rapproche en terme de vocation des dolmens ou des hypogées du Néolithique. Il s’agit d’une sépulture collective.

Aménagement : Terre & Développement
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Grand-Est)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Sylvain Griselin, Inrap