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Des occupations néandertaliennes préservées dans les limons du Nord
Au Cateau-Cambrésis (Nord), en préalable à la construction d’un groupe scolaire, une équipe de l’Inrap fouille actuellement, sur prescription de l’État (Drac Hauts-de-France), un site paléolithique où plusieurs occupations ont été mises au jour. Les données recueillies sont rares pour le nord de la France et en grande partie inédites pour le département.
Les données recueillies sont rares pour le nord de la France et en grande partie inédites pour le département. Elles viennent compléter les connaissances sur le cadre environnemental et les techniques de débitage du silex mises en œuvre par les groupes néandertaliens qui se sont succédé sur ce territoire.
Une histoire des climats dans le nord de la France
La stratigraphie du site du Cateau-Cambrésis, avec ses sols préservés, témoigne d’environ 240 000 ans d’histoire climatique.
Les trois dernières périodes tempérées peuvent y être observées : l’actuel appelé Holocène (d’aujourd’hui à -12 000 ans), l’Éémien (-112 000 / -128 000 ans) et l’interglaciaire précédent ou Saalian-IGL2 (-190 000 / -240 000 ans). Ces sols interglaciaires sont séparés par des niveaux des deux dernières périodes glaciaires : le Weichselien et le Saalien. Cette stratigraphie à contre-pente de l’actuelle s’inscrit dans un vallon aujourd’hui entièrement colmaté et absent du paysage.
Des outils de l’Homme de Néandertal
Grâce à ce piège sédimentaire, plusieurs occupations humaines attribuées à l’Homme de Néandertal ont été conservées. L’acidité du sédiment a dissous les vestiges osseux, mais subsistent les silex taillés abandonnés par les Néandertaliens. Trois à quatre occupations distinctes ont pu être mises au jour. La principale est attribuée aux prémices du Début-glaciaire Weichselien (-112 000 / -100 000 ans). L’Homme de Néandertal a produit selon ses besoins des pointes et des lames suivant la technologie Levallois qu’il a surtout utilisées brutes ou plus rarement transformées en racloirs après retouche. Ces artefacts en silex, plus de 2 300 retrouvés à ce jour, sont associés à un sol gris forestier dit « de Bettencourt », en référence au site éponyme de Bettencourt-Saint-Ouen (Somme), un des rares sites contemporain fouillé.
Un site fréquemment occupé
Une occupation plus récente (vers -100 000 / - 90 000 ans) est associée à un second sol gris forestier. Le mobilier associé - une trentaine de pièces - est original, avec une technologie de débitage de silex dite « laminaire volumétrique », une gestion différente de la méthode Levallois mais aussi destinée à produire des lames, déjà observée dans le Nord pour la même période, à Saint-Hilaire-sur-Helpe en particulier.
La dernière occupation, qui devra probablement être scindée en deux, appartient à une phase ancienne du Paléolithique moyen (vers -190 000 / -180 000 ans). Le mobilier lithique - pas plus d’une douzaine de pièces retrouvées pour le moment - est associé à un sol interglaciaire attribué à Saalian-IGL2. Dans le nord de la France, les sites de cette période sont rares et seules les fouilles d’Étricourt-Manancourt (Somme), Therdonne (Oise) et de Biache-Saint-Vaast (Pas-de-Calais) ont livré des gisements contemporains
Aménagement : Ville du Cateau-Cambrésis (Nord)
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie – Drac Hauts-de-France
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Philippe Feray, Inrap
Le Cateau-Cambrésis, rue de la 93th Battery. Vue générale.
© Philippe Feray, Inrap 2017
Le Cateau-Cambrésis, rue de la 93th Battery. Fouille manuelle.
© Philippe Feray, Inrap 2017
Le Cateau-Cambrésis, rue de la 93th Battery. Quelques pièces du niveau principal.
© Philippe Feray, Inrap 2017
Le Cateau-Cambrésis, rue de la 93th Battery. Pointe Levallois.
© Philippe Feray, Inrap 2017
Le Cateau-Cambrésis, rue de la 93th Battery. Racloirs.
© Philippe Feray, Inrap 2017