À Suze-la-Rousse, l'Inrap a mis au jour deux ensembles funéraires ainsi que des structures à pierres chauffées protohistoriques. Le premier ensemble funéraire comprend deux bûchers et des dépôts de crémation du Ier siècle ap. J.-C, le second est constitué d’une quinzaine de tombes à inhumation datées d'entre les Ve et VIIIe siècles ap. J.-C.

Dernière modification
18 mars 2022

De janvier à mars 2022, les archéologues de l’Inrap, sur prescription de l’Etat (Drac Auvergne Rhône-Alpes) ont mené une opération archéologique sur une emprise de 7 290 m2 située au lieu-dit « Derrière le Puits », sur le projet de la construction du nouveau collège de Suze-la-Rousse, mené par le Département de la Drôme. Deux ensembles funéraires distants de quelques dizaines de mètres ont été fouillés ainsi que des structures à pierres chauffées protohistoriques.

Un ensemble funéraire du Haut Empire (Ier siècle ap.
J.-C.)

Un premier ensemble funéraire antique, de petite taille, comprend deux bûchers et des dépôts de crémation (dépôts d’ossuaires et dépôts de résidus) séparés en deux noyaux proches mais distincts.

Il s’installe en bordure ouest d’un chemin rural orienté nord-ouest/sud-est. Ce chemin, d’une largeur de 4 m, se compose d’une chaussée graveleuse sur laquelle on peut observer des ornières. Au niveau de l’ensemble funéraire, le bord de la chaussée est matérialisé par un alignement de dalles de molasse locale. Cette bordure a aussi pour but de protéger les sépultures installées en contre bas du chemin, d’apport de sédiment. Cette différence de niveau a permis la conservation du nécro-sol au moins dans la partie la plus méridionale de l’ensemble funéraire. Un dépôt de cruches et d’un gobelet était associé à ce sol à proximité des dépôts d’ossuaire.

Les deux crémations principales se composent d’un ossuaire associé à des dépôts secondaires. Le premier a été fouillé lors du diagnostic en 2020. Il se compose des restes d’un adolescent de sexe indéterminé proche de 19-20 ans et d’un petit balsamaire en verre déposés dans une urne en plomb, elle-même mise dans une urne en pierre. Il est associé à un dépôt secondaire de céramiques (assiette et coupelle en sigillée, lampe à huile à volutes et dépôt alimentaire carné de porc). Il est daté entre 30 et 60 après J.-C. Le second ossuaire est constitué d’une urne en verre déposée dans un coffrage de dalles de molasse taillées. Il présente aussi des dépôts secondaires du même type que le précédent (assiettes et coupelle en sigillée, balsamaire, lampe à huile).

Les deux bûchers contenaient peu de restes osseux mais des dépôts primaires de céramiques ont été retrouvés sur le fond de la fosse.

Un ensemble funéraire des Ve-VIIIe siècles ap. J.-C.

Le second ensemble funéraire situé au sud du premier, est constitué d’une quinzaine de tombes à inhumation qui, par leur typologie, sont datées pour l’instant dans une fourchette large entre les Ve-VIIIe siècles ap. J.-C. Cette zone sépulcrale, sans relation avec l’ensemble funéraire antique reste très mal conservée car installée dans un secteur fortement érodé et très impacté par des labours. Seules les sépultures les plus profondes ou celle située dans un secteur taluté et arboré qui a été plus épargné par les labours profonds sont conservées. La densité des structures nous permet de penser qu’une grande majorité de tombes ont été complètement détruites. Parmi celles qui ont été conservées, il a été observé une typologie variée (un coffrage de tuiles de section rectangulaire, des coffrages de lauzes avec fond, des coffrages mixtes pierre-bois-tuiles).

Des structures à pierres chauffées protohistoriques

Enfin, il a aussi été mis au jour deux zones de structures à pierres chauffées protohistoriques. Un premier alignement, reconnu au diagnostic, se compose de quatre structures installées dans un secteur où le substrat correspondant aux terrasses du Lez est très arasé. Datées par radiocarbonne du premier âge du Fer, elles sont, elles aussi, très mal conservées. Au nord-est de la zone de fouille, une autre structure de même type a été découverte lors de la fouille. A contrario, son état de conservation est excellent. La couche d’abandon contient une quantité importante de mobilier (tessons, fragments de deux bracelets en lignite, fragment de tore) qui permettra sans doute d’affiner la datation fixée pour l’instant aux VIIIe-VIIe siècles avant J.-C.

Suze-la-Rousse 18

Niveau de galets de la structure à pierres chauffées.

© Cyril Gaillard, Inrap


Aménagement : Département de la Drôme
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Auvergne - Rhône-Alpes)
Equipe : Rémy Auray, Bérénice Bétand-Desgranges, Caroline de Frutos, Cyril Gaillard, Amélie Jumeau, Arthur Millet, Alicia Rizzo, Nordine Saadi (topographe), Inrap
Responsable scientifique : Christine Ronco, Inrap