Une fouille archéologique menée entre mars et septembre 2010 à Autun, dans la partie nord de la ville, à une cinquantaine de mètres à l'intérieur de l'enceinte romaine, a révélé un espace antique aussi riche que complexe.

Dernière modification
10 mai 2016

Situé à proximité de la porte d'Arroux, il se partage entre espace public, espace commun et bâtiments d'habitation ou d'artisanat. Quatre états au moins ont été reconnus, depuis une installation au début du Ier siècle de notre ère lors de la fondation de la ville par Auguste, jusqu'à une reprise médiévale. Pressenti comme étant un quartier artisanal, cet îlot a effectivement livré des traces de travail du métal et de l'argile, mais aussi des vestiges d'habitat privé.

Autun, la cité d'Auguste

Augustodunum est fondée par le premier empereur romain, Auguste (27 avant notre ère à 14 de notre ère) dont elle porte le nom. Elle remplace la capitale du peuple gaulois Éduen, l'oppidum de Bibracte situé sur le Mont Beuvray. Cette création est à la fois un cadeau à un peuple allié de longue date et le symbole de la puissance d'Auguste, dont la volonté fait naître une ville de 200 ha, parmi les rares autorisées à posséder une muraille, qui la ceint sur près de 6 km. Le plan de la ville suit les normes romaines, avec un réseau de voies orthogonales qui quadrillent l'espace en îlots et un ensemble monumental d'une grande richesse constitué de temples, théâtre, thermes, etc. Autun devient l'une des plus grandes villes de Gaule du Nord, forte de son artisanat, de son rayonnement culturel et de sa position de capitale de cité. Au IIIe siècle de notre ère, elle pâtit assez lourdement des affrontements entre prétendants au trône impérial. Elle diminue considérablement, se concentrant au Moyen Âge autour de quelques pôles, notamment les hauts quartiers, où s'installe la cathédrale.

Entre habitats luxueux et espace public

En plusieurs points du site, des salles à hypocauste - pièces chauffées par le sol - ont été exhumées, ainsi que des sols en béton de tuileau (mélange de mortier, de graviers et de tuile ou de brique concassée). Quelques tesselles en pâte de verre colorée et de nombreux fragments d'enduits peints trouvés dans les remblais de destruction sont les indices ténus des décors qui ornaient ces habitations. Des espaces extérieurs, cours ou jardins, comportant des puits, des canalisations et des réceptacles destinés à recueillir l'eau de pluie ont été découverts. Les fouilles fournissent également des objets rares, parmi eux une tête de statue en marbre ou encore une plaque en marbre sur laquelle est inscrite une dédicace à un chevalier romain, jusque-là inconnu, tribun militaire de la XXIIe légion. Si ces découvertes sont anecdotiques pour la compréhension de l'îlot fouillé, elles sont en revanche riches d'enseignements pour l'étude générale de la ville.

Des traces d'artisanat

Un four de potier a été mis au jour. Il pourrait être lié à la production de statuettes en terre cuite du célèbre potier Pistillus, connu à Autun entre la fin du IIe et le début du IIIe siècle de notre ère dans ce secteur de la ville. Des fragments de statuettes ont été trouvés aux alentours immédiats du four, ainsi que plusieurs fragments de moules signés Pistillus. Ces statuettes étaient exportées dans toute la Gaule, jusqu'à Arras et Bordeaux.
D'autres vestiges témoignent d'une activité métallurgique. Le travail du bronze est attesté par la présence de creusets de fonte, de fragments de moules, de tas - « enclume » - pour le façonnage des tôles et par de nombreux déchets. Des éléments de tuyère ou soufflet, des scories et des battitures, attestant la présence de forges dans lesquelles le fer était travaillé, ont été trouvés dans des fosses dépotoirs. Des déchets de coulées, caractéristiques de la réduction du minerai de fer, ont également été découverts. La découverte de vestiges de cette étape initiale de la chaîne opératoire du travail du fer est extrêmement rare en contexte urbain.