À Saint-Paul, dans le quartier de Vue-Belle, l'Inrap fouille les abords d'une usine sucrière construite en 1820 puis abandonnée en 1970.
Centrée sur une place pavée et sur la partie de l’usine qui accueillait les récoltes, c’est toute une organisation qui est mise au jour depuis l’arrivée des chargements jusqu’au pesage de la canne à sucre.

Dernière modification
10 mai 2021

En amont de la construction de la médiathèque de la Saline-les-Hauts dans le quartier de Vue-Belle par la mairie de Saint-Paul, l’Inrap mène sur une surface de 1200 m2 une fouille préventive, prescrite par le préfet de région (DAC Réunion). La parcelle est située au sud de l’ancienne usine sucrière dont la cheminée est inscrite au titre des monuments historiques.

Un espace de pesage

Situés au sud des bâtiments de l’usine, les vestiges de sols pavés et d’une balance à canne évoquent un espace, dédié dans les derniers temps de l’usine, au transport et au pesage des cannes en provenance des champs. La problématique scientifique est ici celle de l’évolution technique et chronologique de l’exploitation industrielle de cette partie de l’ancienne usine à sucre.

Les vestiges de la balance à canne et de son mécanisme de pesée.

Les vestiges de la balance à canne et de son mécanisme de pesée.

© Thierry Cornec, Inrap

 

Regard sur Une organisation de travail

Les recherches archéologiques vont permettre de mieux comprendre une organisation de travail destinée à alimenter l’usine en matière première, depuis l’arrivée des chargements jusqu’au pesage de la canne à sucre. Les niveaux supérieurs sont scellés par un stockage de restes de pièces métalliques, qui étaient utilisées pour la réparation des machines.

Le sol de pavés du XIXe siècle, en arrière-plan l’usine sucrière et le four à chaux, transformé en oratoire.

Le sol de pavés du XIXe siècle, en arrière-plan l’usine sucrière et le four à chaux, transformé en oratoire.

© Thierry Cornec, Inrap.

Un sol galeté, les vestiges du bâtiment encavé et arasé, dans lequel se trouve encore en place le fléau de la balance, un système d’acheminement de chariot avec rotation sur rails et son bâtiment arasé forment un ensemble cohérent, montrant l’organisation de cet espace dans sa dernière phase de fonctionnement.

Les premières fonctions de l’usine

La fouille devra permettre également d’étudier l’ensemble de la stratigraphie et de mettre en lumière les premières fonctions de cet espace. Les restes d’un four, un sol pavé muni d’une rigole centrale et de longues maçonneries peu élevées, associées à des emplacements de poteaux, sont déjà visibles.
Ces découvertes complètent l’image de l’usine de Vue-Belle, matérialisée par les nombreux vestiges encore visibles dans ce quartier façonné par l’activité sucrière : l’usine et sa cheminée, le four à chaux, une autre balance plus récente, les maisons des « cadres », le bâtiment Fillod, les écuries ou le parc à bœufs, adjacent à l’emprise de fouille.

Le quartier de la Saline les Hauts, vestiges de l’activité industrielle.

Le quartier de la Saline les Hauts, vestiges de l’activité

industrielle.

© Plan cadastre.gouv.fr, DAO Thierry Cornec, Inrap

 

une meilleure compréhension des usines sucrières

Cette opération s’inscrit dans le cadre de la recherche scientifique, archéologique et historique, engagée sur la production du sucre sur l’île de La Réunion aux XIXe et XXe siècles ; véritable révolution, marquant profondément l’organisation sociale et spatiale de l’île.  Elle viendra compléter les éléments archéologiques déjà acquis lors d'opération précédentes réalisées aux abords ou dans des usines sucrières (Saint-Paul, Grand Fond, Bruniquel, Villèle) et compléter les nombreuses études historiques engagées sur ces monuments.

La place pavée au XIXe siècle. Usine sucrière de Vue Belle à la Saline en activité, carte postale de la fin du XIXe siècle. ADR.

La place pavée au XIXe siècle. Usine sucrière de Vue Belle à la Saline en activité, carte postale de la fin du XIXe siècle. ADR.

Aménagement :  Mairie de Saint-Paul
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Dac Réunion)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Marie-Hélène Jamois, Inrap