Le conseil général du Pas-de-Calais entreprend la mise en valeur et la protection du grand site national des Deux Caps. Dans ce cadre, l'aménagement d'un parking est prévu sur le Mont d'Hubert, en arrière du cap Blanc-Nez, à Escalles ; l'occasion, pour le centre départemental d'archéologie, sous la direction scientifique de l'Inrap, de fouiller intégralement une surface de 2,4 hectares sur une durée totale de 5 mois. Une première phase a été menée durant l'automne 2010, une seconde au printemps 2011.

Dernière modification
14 février 2020

Un contexte géographique singulier

Le site est implanté au sommet du Mont d'Hubert dans un contexte géographique singulier : en quittant la baie de Wissant et son rivage sableux plein nord, le relief s'élève progressivement, marquant la côte d'une série de crans, témoins d'une érosion ancienne liée à un niveau marin plus bas que l'actuel. Le cran d'Escalles, au pied du Mont d'Hubert, en constitue un exemple bien marqué dans le paysage.
Le Mont d'Hubert, à moins d'un kilomètre du cap Blanc-Nez, forme la bordure crayeuse nord-occidentale de l'Artois et culmine à 150 mètres d'altitude offrant une vue panoramique des côtes anglaises jusqu'aux monts des Flandres dans un rayon de 30 kilomètres.
Là où le Mont s'élargit vers l'ouest, un imposant fossé du Néolithique moyen a été découvert par les archéologues. Il enserre un large espace, limité, à l'ouest, par le versant le plus abrupt de l'éperon crayeux. Son tracé, sur 120 mètres de long jusqu'aux limites de l'emprise de la fouille, est assez rectiligne. Au-delà, son parcours demeure inconnu. Quatre segments principaux le constituent, d'une largeur moyenne de 3,50 mètres et d'une profondeur qui peut atteindre jusqu'à 1,60 mètre.

Un contexte géographique singulier

Un fossé d'enceinte néolithique et des dépôts d'animaux

Dans l'espace interne délimité par le fossé, une dizaine de fosses ont été creusées dans les argiles de décalcification ou dans la craie. Deux d'entre elles, circulaires, aux parois très abruptes, atteignent 1,50 mètre de profondeur. De nombreux restes d'animaux ont été découverts, parfois selon une mise en scène particulière : par exemple, on a retrouvé plusieurs bois de cerf au sommet du comblement de l'une d'elle, et au fond, un jeune chevreuil en connexion anatomique.
Ces dépôts d'animaux sont attestés sur d'autres sites datés du Néolithique moyen II (entre 4 200 à 3 500 ans avant notre ère) dans des contextes comparables.
Aucun bâtiment néolithique n'a été identifiée à l'intérieur ou à l'extérieur de l'enceinte.

Un mobilier archéologique abondant et diversifié

Le mobilier provient essentiellement du comblement du fossé. Sur les 120 mètres fouillés, plus de 1 500 kg de silex, 500 kg de grès, 200 kg de faune et 120 kg de céramique ont été exhumés ! À cela, il faut ajouter de nombreux restes humains et plusieurs milliers de litres de coquillages marins.
L'étude du site est en cours, privilégiant plusieurs axes de recherche dont les stratégies d'approvisionnement en matière première des communautés qui ont occupé le site, les modalités de fabrication des outillages et de leur utilisation.
La très bonne conservation des restes d'ossements animaux permettra d'étudier la composition du cheptel domestique et la gestion des troupeaux, les équilibres alimentaires des populations (apport carné, végétal et marin) ainsi que de la place de l'animal dans la société d'alors. L'étude de la répartition des restes humains mêlés aux rejets découverts dans le fossé renseignera sur la fonction du site et les pratiques cultuelles qui ont pu s'y dérouler.
Enfin, la proximité des rivages du sud de l'Angleterre invite à s'interroger sur d'éventuels contacts entre les populations des deux côtés du détroit, à une période où le mode de vie néolithique s'implante de manière pérenne sur les terres anglaises.
Aménagement : Conseil général du Pas-de-Calais
Responsable scientifique : Ivan Praud, Inrap