Un habitat gaulois à Inzinzac-Lochrist (Morbihan)

Le projet d’aménagement d’un Ehpad et d’une maison de l’enfance à, Inzinzac-Lochrist (Morbihan), a conduit l’Inrap à mener une fouille archéologique sur une surface de 1,5 hectare, entre novembre 2018 et février 2019. Le site de Pen Er Prat occupe l’extrémité d’un promontoire et domine la confluence de deux ruisseaux. Cette position remarquable explique que le site a été occupé de longue date. Les premiers indices de fréquentation datent du Mésolithique. Des occupations sporadiques se sont ensuite succédées, en particulier au Néolithique ancien, puis entre la fin du Néolithique et la fin de l’âge du Bronze.

L’occupation principale, datée de la fin du 1^er et du début du 2^nd âge du Fer, correspond à un vaste établissement gaulois qui comprend un enclos d’habitat ainsi que deux ensembles funéraires. L’opportunité de pouvoir aborder dans le cadre d’une même opération un espace domestique et sa nécropole est rare et revêt donc un intérêt particulier.

L’habitat était intégralement délimité par une vaste enceinte d’au moins 8 000 m². Formée au nord par un imposant fossé qui était bordé d’un talus, elle se poursuivait par un muret de pierre, non conservé, mais dont le tracé a pu en partie être restitué grâce à la découverte, à l’est, d’un dispositif d’entrée monumental. Au centre de l’enclos, des constructions ont été identifiées, mais leur plan reste le plus souvent indéterminable, en raison de la disparition des architectures en pierre et d’une conservation médiocre des vestiges. Cet état de fait limite l’analyse du site et ne permet pas d’étudier son organisation spatiale et fonctionnelle, ainsi que son évolution dans le temps.

Le secteur funéraire, situé à proximité de l’entrée de l’habitat, est partitionné en deux espaces distincts. Les douze tombes mises au jour correspondent à des dépôts secondaires de crémation. Les restes osseux ont été déposés directement au sein de petites fosses, ou parfois dans des urnes en céramique. Une des fosses correspond à un dépôt multiple regroupant les ossements d’au moins trois individus, illustrant la possible pratique de crémations collectives.

Une analyse des données disponibles dans le territoire environnant pour la transition entre le 1^er et le 2^nd âge du Fer a permis de recenser un certain nombre de sites ou d’indices de sites, renseignés par des découvertes fortuites et des fouilles récentes. Ces données, recoupées avec celles de la fouille de Pen Er Prat, permettent de comprendre que cet habitat exploite potentiellement un territoire et des réseaux communs avec les sites avoisinants. Il s’agit d’habitats organisés autour d’une spécialisation, reliés entre eux par un réseau viaire dense. Ces éléments évoquent la complexité des sociétés gauloises à la charnière du 1^er et du 2^nd âge du Fer, avec des communautés importantes organisées autour de l’exploitation d’un territoire.