À Nîmes, une équipe de l'Inrap fouille un secteur périphérique de l'enceinte augustéenne. Des structures funéraires ont livré des sépultures à inhumation, des dépôts secondaires de crémation, des bûchers, ainsi qu'un mobilier très varié. Trois puits à usage funéraire ou agricole ont été découverts.

Dernière modification
28 septembre 2022

La fouille menée au printemps 2022 par les archéologues de l’Inrap sur prescription de l’État (DRAC Occitanie), au 1bis rue de l’Abattoir à l’angle de l’avenue Jean-Jaurès à Nîmes, a mis en évidence des espaces cultivés antiques, médiévaux et modernes, ainsi que des petites aires funéraires datées des Ier-IIe siècles.

La parcelle étudiée est localisée au sud et à l’extérieur de la ville antique, à moins de 50 m de l’enceinte augustéenne et de la voie périphérique qui la longeait. Un des principaux accès à la cité romaine se faisait par la porte dite du Cadereau, située à 100 m à l’ouest. Cette fouille permet d’étudier l’occupation antique de ce quartier périurbain encore peu documenté et aujourd’hui inséré dans le tissu moderne de la ville, structuré par l’avenue Jean-Jaurès créée au XVIIIe siècle.

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Vue générale de la fouille.

© Marie Rochette, Inrap

Des traces de mises en culture

Les vestiges les plus anciens sont des traces de mises en culture ; leur datation est antérieure à certaines tombes du Ier siècle qui les recoupent. Il s’agit de longues et étroites tranchées (sulci), vraisemblablement destinées à la plantation de vignes. Deux champs ont été distingués : un groupe orienté sud-ouest/nord-est, observé surtout dans la partie centrale et ouest de l’emprise, et un possible groupe orienté sud-est/nord-ouest dans la partie orientale de l’emprise. Des segments plus petits reliant perpendiculairement deux tranchées, pouvant correspondre à du provignage, ont été observés à certains endroits.

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Tranchées de plantation de vigne.

© Antonia Persico, Inrap

 

Des ensembles funéraires du Haut-Empire

Cinquante structures funéraires antiques ont été repérées, composées de sépultures à inhumation, de dépôts secondaires de crémation ainsi que des bûchers. Si la grande majorité est destinée à des sujets adultes, au moins deux cas de sépulture d’enfant ont été identifiés. Un des enjeux scientifiques de l’opération est de comprendre l’organisation et le mode de fonctionnement des secteurs pouvant correspondre à des concessions antiques et de mettre en évidence les aménagements et les dispositifs funéraires.

Les tombes se répartissent en plusieurs groupes. Deux se détachent nettement à l’ouest, tandis que dans la partie orientale de la parcelle, qui accueille plus d’une trentaine de vestiges funéraires, la répartition est plus difficile à saisir. La présence de murs, mal conservés, signale néanmoins les limites d’un enclos funéraire recevant au moins sept tombes. Un puits a également été installé dans la partie sud de cet enclos. Son comblement fouillé sur 3 mètres de profondeur a livré de très nombreux ossements humains, de la faune ainsi que deux fragments de plaque épigraphique.

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Deux fragments d’une même plaque funéraire en marbre portant une inscription et découverts dans le comblement d’un puits.

© Christophe Coeuret, Inrap

Plusieurs puits à vocation funéraire ou agricole

Trois autres puits ont été découverts et partiellement fouillés. L’un, au sud, a livré dans la partie supérieure de son comblement des ossements humains de sujets adultes et immatures, avec parfois des connexions anatomiques. Deux monnaies, des fragments de céramique et un très grand nombre de restes fauniques ont également été rejetés dans ce puits. La nature de ces comblements évoque une fonction funéraire. L’identification est plus incertaine pour les deux puits occidentaux ; ils pourraient tout aussi bien être en lien avec l’occupation agraire. Leurs comblements supérieurs n’ont pas livré d’ossements humains ou fauniques, mais de nombreux fragments d’amphore et de céramique.

Aux périodes médiévale et moderne, le secteur n’a plus aucune vocation funéraire, celle-ci étant désormais contenue dans les grands cimetières de la ville. Il est alors dédié à la plantation de vignes et arbustives.

Aménagement : Urbat
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Occitanie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Marie Rochette, Inrap