Au Pègue, une équipe d'archéologues de l'Inrap fouille une domus dont elle a mis au jour le portique et une pièce d'apparat décorée d'une grande mosaïque à motifs géométriques, ainsi que des espaces dévolus à l'activité artisanale et plusieurs aménagements hydrauliques.

Dernière modification
26 novembre 2020

Depuis la fin août jusqu’à la mi-novembre 2020, une équipe d’archéologues de l’Inrap conduit, sur prescription de l’État (Drac Auvergne-Rhône-Alpes), une fouille archéologique au Pègue, en amont de la construction d’une maison individuelle sur une surface de 1500 m2. En 2013, les archéologues de l’Inrap ont réalisé une fouille 150 m plus au nord. Elle a permis de mettre au jour un quartier d’habitation et artisanal, dont deux ateliers de verriers datés entre le Ier et le IIIe siècle de notre ère. La fouille actuelle révèle un autre quartier de la ville du Ier au IIIe siècle à vocation résidentielle et artisanale.

Le Pègue 1


La domus

Avec plus de 1000 m2, cette domus (maison urbaine luxueuse) n’a pas été perçue dans son intégralité. Au sud de l’emprise fouillée, quelques fosses et un caniveau laissent supposer que l’espace est dédié à un jardin en bordure du ruisseau à une soixantaine de mètres en contrebas. Un portique délimite l’espace extérieur et dessert l’espace bâti.

Seuil de porte

Seuil de porte

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Pierre Rigaud, Inrap


L’habitat compte une vingtaine d’espaces distincts (cour, couloir, pièces à vivre, espaces dédiés aux activités domestiques) qui s’articule autour d’un aménagement quadrangulaire longé sur au moins trois côtés par une galerie. La plupart des pièces couvertes ont un sol en terre battue hormis deux pièces qui comportent un sol construit en dur aux dimensions imposantes.

La pièce d’apparat

La plus grande pièce couvre une surface de 70 m2. Elle est ornée d’enduits peints rouges tandis que le sol comporte une mosaïque. Ce pavement est constitué de tesselles cubiques polychromes : jaune, rouge, vert, noir et blanc. Le décor central correspond à une succession de carrés d’un mètre de côté dans lequel s’inscrivent des décors géométriques séparés par une tresse. Cet ensemble est cerné par une bande blanche qui compte quelques feuilles vertes disséminées sur le pourtour. Connue de tout le village, cette mosaïque a été mise au jour à maintes reprises depuis le XIXe siècle !

L’activité artisanale

Dans la partie nord, probablement en façade, quatre espaces sont dévolus à l’activité métallurgique. Plusieurs structures foyères et fosses témoignent d’un travail du fer et du bronze. Il ne fait nul doute que la prospection géophysique réalisée sur le terrain va délivrer d’intéressants résultats sur cet artisanat.

Les infrastructures hydrauliques

L’eau est un élément essentiel non seulement pour l’habitat résidentiel mais aussi pour exercer l’activité artisanale. Ainsi, plusieurs acheminements et évacuations d’eau ont été mis en évidence.

Aménagement hydraulique de tegulae et imbrices

Aménagement hydraulique de tegulae et imbrices

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Arnaud Kherdouche, Inrap


Une installation réalisée en tegulae et imbrices ainsi qu’un caniveau en moellons et dalles calcaire attestent de l’évacuation des eaux usées vers l’espace extérieur. Enfin une canalisation, probablement en bois, matérialisée par une succession de dix frettes métalliques témoigne de ces aménagements hydrauliques.

La succession de frettes métalliques

La succession de frettes métalliques

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Jean-Marc Lurol, Inrap

 
 

Aménageur : particulier
Responsable scientifique : Magalie Guérit
Équipe de fouille : Jean-Marc Lurol, Pierre Rigaud, Sébastien Talour, Arnaud Kherdouche, Lucile Catté, Hervé Jaudon, Gilles Axck, Guillaume Martin, Benjamin Jagou, Eymeric Morin, Cyril Gaillard et Michal Ocadiz.
Spécialiste de la mosaïque : Véronique Blanc-Bijon (CNRS)