À 3 km au sud de la ville d’Auxerre sur la rive droite de l’Yonne, les archéologues fouillent une surface d’1,6 ha au lieu-dit Sainte-Nitasse dans le cadre de la création de la liaison Sud d’Auxerre (DREAL Bourgogne-Franche-Comté). Les archéologues mettent notamment au jour une imposante villa antique.

Dernière modification
04 juin 2025

Un site connu depuis le XIXe siècle

Le site est connu pour son potentiel archéologique depuis le XIXe siècle, il n’est toutefois fouillé pour la première fois qu’à la création d’une gravière en 1966. Un décapage sommaire de 2400 m² a alors révélé un corps de bâtiment rectangulaire de plus de 700 m² comportant une dizaine de pièces dont une à abside. Les murs étaient constitués de moellons, de fragments de stèle funéraire et de colonnes. Le mobilier associé attestait pour sa part une occupation du Ier au IVe siècles. Quelques indices laissaient entrevoir la présence de mosaïques ou de pièces à hypocauste (chauffage par le sol). Cet établissement appartenait donc à une classe aisée voir aristocratique.

Une des grandes villae de Gaule romaine

Aujourd’hui, c’est un édifice de 4 000 m² que dégagent les archéologues : le bâtiment fouillé en 1966 est donc relégué au statut d’une aile secondaire d’une exceptionnelle habitation. La fouille révèle le secteur résidentiel de l’établissement rural dit pars urbana et peut-être quelques aménagements de la partie agricole dite pars rustica.

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Vue générale du chantier depuis l’ouest.

© Ch. Fouquin, Inrap


Le bâtiment est entouré à l’ouest, au nord et à l’est d’un mur d’enceinte. Il s’articule autour d’un jardin carré de plus de 450 m² de côté, fermé par un bassin quadrangulaire au nord et par une petite fontaine au sud. Cet espace est entouré par des galeries qui desservent des pièces de réception, des espaces techniques et peut-être une cuisine. Les thermes, eux aussi rattachés à l’habitation, sont situés dans l’aile orientale.

Un grand espace quadrangulaire, appuyé sur le mur de clôture à l’ouest, pourrait correspondre à un aménagement de la pars rustica. Les premiers résultats laissent entrevoir deux états de construction mais c’en est peut-être trois qui jalonnent l’histoire de cet établissement rural. Les recherches diront si le développement suit celui d’Autessiodurum (Auxerre antique) qui passe du statut d’agglomération secondaire au début du Ier siècle à celui de capitale de cité au IVe siècle. Si l’importance du bâti esquisse le train de vie très aisé des occupants, il reste encore à étudier les vestiges de leur vie quotidienne pour mieux les caractériser.

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Vue zénithale des thermes.

© J. Berthet, Inrap

Les grandes villae en Gaule romaine se caractérisent par leurs vastes dimensions (constructions étalées sur plusieurs hectares), et par un développement considérable de la partie résidentielle (pars urbana), ce qui est le cas ici. Elles sont aussi quasiment toujours caractérisées par la présence de bains privés, souvent importants, en lien direct ou très proche de cette dernière. On y trouve en général une architecture sophistiquée, faisant appel à des matériaux nobles : marbres, mosaïques, fresques..., mais aussi des aménagements particuliers comme des bassins, des fontaines, des jardins qui peuvent parfois se développer dans plusieurs cours, des petits sanctuaires privés. Ces villae formaient le cœur de vastes domaines appartenant à de riches propriétaires fonciers qui constituaient certainement l’élite politique des cités antiques. Peu d’entre elles ont une pars urbana aussi importante fouillée de manière extensive.

Un site ouvert au public pendant les JEA

Jea 2025 RS horizontal

À l’occasion des Journées européennes de l’archéologie (JEA), le chantier sera exceptionnellement ouvert au public dimanche 15 juin de 10h00 à 17h30.
L’accès au chantier se fera exclusivement grâce à des navettes depuis le parking de l'Arquebuse, boulevard du 11 novembre. Départ de navette toutes les 15 minutes (sans réservation). Les visites seront assurées par l’équipe d'archéologues.
Tous publics
Gratuit
 

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Vue zénithale de la villa.

 © Ch. Fouquin, Inrap

Aménagement : DREAL Bourgogne-Franche-Comté
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bourgogne-FrancheComté)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Alexandre Burgevin, Inrap