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Une occupation antique aux pieds des cols de Manse et Bayard (Hautes-Alpes)
À Saint-Laurent-du-Cros, les recherches archéologiques en cours ont permis de mettre au jour une occupation romaine, datée entre le IIe et le IVe siècle de notre ère.
À Saint-Laurent-du-Cros, le projet d’aménagement d’une maison individuelle au lieu-dit Le Cros-Les Couniets, a motivé la réalisation d’une opération de diagnostic suivie d’une fouille archéologique. Ces opérations d’archéologie préventive ont été prescrites par le Service régional de l’archéologie (DRAC PACA) et réalisées par l’Inrap, en 2022. Les recherches archéologiques en cours ont permis de mettre au jour une occupation romaine, actuellement datée entre le IIe et le IVe siècle de notre ère. Un espace public ouvert était délimité au nord par un grand bâtiment introduit par une galerie. Un bâtiment différemment orienté caractérise le sud de cet espace. Cette phase bâtie a été précédée par des aménagements légers et des structures en creux dont la fonction reste à préciser.
Le site en début de fouille
© S. Fournier, Inrap
Les indices anciens d’une occupation d’époque romaine du Champsaur
La haute vallée du Drac, le Champsaur, est habitée à l’époque romaine par les Tricorii. Au coeur d’un réseau de nombreux centres urbains, ce territoire constitue le passage naturel entre l’axe rhodanien et l’axe durancien. Il assure la liaison entre les deux principales voies naturelles permettant de pénétrer en Europe centre-ouest depuis la Méditerranée : les vallées du Rhône et du Pô.
Deux centres du Champsaur, Forest-Saint-Julien et Saint-Laurent-du-Cros, se distinguent par des découvertes remarquables effectuées entre les XIXe et XXe siècles, indices de la présence d’établissements importants situés le long d’un itinéraire mentionné par la Tabula Peutingeriana.
Au hameau du Cros, des travaux réalisés en 1960 à proximité de l’emprise de la fouille de 2022 ont conduit à la découverte des fragments de quatre statues en bronze dont un hermès (buste bifrons surmontant un pilier quadrangulaire) représentant Jupiter Ammon daté de la deuxième moitié du IIe siècle de notre ère. L’établissement actuellement en cours de fouille permet de recontextualiser cette découverte ancienne par les méthodes actuelles de l’archéologie. Son étude permettra à terme d’éclairer une phase majeure de l’histoire du Champsaur.
Fragment de statue en bronze découverte en 1960. Tête de Jupîter Ammon
© Musée muséum départemental des Hautes-Alpes
Un site occupé dès le début de l’époque romaine impériale (Ier- IIe siècle de notre ère)
La première occupation du site des Couniets doit se situer autour du Ieret IIe siècles de notre ère, soit à l’époque romaine impériale. Elle est caractérisée par des nombreuses structures en creux dont une grande fosse ovale de plus de 10 mètres de long et 1,50 m de profondeur jouxtée à l’ouest par une seconde fosse plus petite.
Associée à une structure bâtie dont la planimétrie n’a pas été entièrement mise au jour, la fonction de ces installations aux dimensions inhabituelles devra être clarifiée. Les nombreuses structures en creux qui les entourent correspondent probablement aux traces d’activités artisanales et d’aménagements légers, appentis ou annexes, liés à ces activités.
Un espace monumental du IVe siècle de notre ère
Entre le IIe et le IVe siècles de notre ère, le site connaît une restructuration totale qui commence par un nivellement général de tout l’espace. Un grand bâtiment de plus de 20 m de long et 11 m de large, se poursuivant dans la parcelle limitrophe de la fouille, domine la zone nouvellement aménagée. Une grande cour à ciel ouvert d’une superficie d’au moins 900 m2 s’ouvre au sud.
Le bâtiment, divisé en deux pièces de tailles inégales et bordé au sud d’une galerie, connaît plusieurs états, notamment par la division de la galerie en plusieurs espaces. Un deuxième bâtiment d’orientation différente lui fait face, clôturant au sud l’espace de la cour centrale.
Le matériel céramique mis au jour lors des fouilles couvre une période allant du Ier au IVe siècle de notre ère. Bien que peu abondant, il se caractérise par une qualité certaine et des productions prisées (céramique sigillée), peu compatibles avec des espaces à vocation artisanale et renvoyant à un contexte public ou d’élite. Le mobilier métallique, comme une lampe à huile et plusieurs fragments d’objets en bronze, confirme cette impression. Le corpus des monnaies mises au jour représente bien les deux périodes identifiées sur le site, Ier-IIe siècle et IVe siècle.
Le site depuis le sud avec la vallée du Drac en arrière-plan
© F. Fournier, Inrap
Deux murs du bâtiment sud
© S. Fournier, Inrap
Extrémité est de la galerie du bâtiment nord
© A. Barbe, Inrap
Fosse en cours de fouille
© J. Isnard, Inrap
La lampe en bronze
© K. Monteil, Inrap
Recherches archéologiques : Inrap
Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie, Drac PACA
Responsable scientifique : Karine Monteil, Inrap