À Aprey, en Haute-Marne, en amont des travaux de construction du gazoduc Val de Saône par GRTgaz, une équipe de l’Inrap a fouillé, en mai et juin 2017, une villa gallo-romaine dont le bon état de conservation est exceptionnel.

Dernière modification
26 mars 2018

Dans le cadre du développement de son réseau de transport de gaz naturel, GRTgaz a engagé sur le territoire des travaux de grande ampleur qui consistent en la pose d’un nouveau gazoduc, l’artère du Val de Saône, d’un diamètre de 1,20 m et de près de 188 kilomètres de long, entre Étrez (Ain) et Voisines (Haute-Marne), en l’adaptation des interconnexions des sites industriels existants d’Étrez, Palleau (Saône-et-Loire) et Voisines, et dans le renforcement de la compression à Étrez.

En amont de ces travaux, une fouille archéologique a été réalisée par l'Inrap, à Aprey, sur prescription de l’État (Drac Grand Est). Vestiges et mobilier archéologique renvoient l’image d’une exploitation agricole antique de taille moyenne. Ce type de villa est rarement étudié en si bon état de conservation architecturale, qui plus est dans un secteur qui n’a fait l’objet, jusque-là, que de peu de fouilles archéologiques. 

Des vestiges figés dans le temps

Le site d’Aprey a livré une villa gallo-romaine dont le bon état de conservation est exceptionnel. En effet, en milieu rural, les vestiges sont souvent très ténus. Ici, une grande partie des murs et des sols ont été scellés et conservés depuis le IIIe siècle de notre ère. Dans l’une des pièces de l’établissement, une couche d’incendie a permis la découverte d’une scène presque intacte de la vie des anciens habitants, livrant un ensemble cohérent de mobilier en place. Une cymbale, de l’outillage, de la vaisselle, de la monnaie : environ 350 objets métalliques ont été retrouvés sur le site, dont une grande partie dans cette pièce incendiée.

Des réaménagements au fil du temps

Au-delà du plan du bâtiment, ces élévations permettent aux archéologues d’appréhender les reprises architecturales et modes de construction qui échappent  aux scientifiques sur les sites ruraux souvent plus arasés. Plusieurs états sont ainsi bien visibles, depuis les premières constructions en matériaux périssables (bois, torchis) jusqu’au bâtiment maçonné. Ce dernier a très certainement été construit grâce aux éléments de démolition d’un bâtiment plus luxueux, comme l’indique la découverte de fragments de matériaux haut de gamme tels que tesselles de mosaïque ou éléments peints.  

Il est également probable que le site ait été à nouveau occupé pendant la période du Moyen Âge : des traces de céramiques médiévales et de trous de poteaux indiquent en effet la présence d’anciens bâtiments.

Aménagement : GRTgaz
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac Champagne-Ardenne)
Recherche archéologique :  Inrap
Coordinateur scientifique :  Régis Labeaune, Inrap
Responsable scientifique :  Stéphane Alix, Inrap