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Archéologie et histoire d'Huguenin Jacquin, Bourguignon du XIV<sup>e</sup> siècle
La commune de Saint-Martin-du-Mont est située à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Dijon. Avant la construction de deux maisons particulières, dans le hameau de Cestres, au lieu-dit « La vie aux Maires », une équipe de l'Inrap fouille actuellement, sur prescription de l'État (Drac Bourgogne), un habitat médiéval de la seconde moitié du XIVe siècle, brutalement abandonné au début du XVe siècle.
Les fouilles révèlent un grand bâtiment en pierre, à toiture en laves, des lauzes calcaires caractéristiques de l'habitat vernaculaire des plateaux bourguignons. L'ensemble semble se développer à partir d'un bâtiment rectangulaire d'au moins 19 m sur 8.
Archéologie d'un habitat, lieu de négoce et de pouvoir
Le mobilier archéologique actuellement exhumé corrobore cette impression : de très nombreuses parures de vêtement, une ceinture de bronze dorée, un éperon, un manche de cuillère anthropomorphe et de très nombreuses monnaies, dont certaines à l'effigie d'Eudes IV, duc de Bourgogne (1315-1349), confirment le statut social des occupants. La découverte d'une matrice de sceau, ornée d'un personnage de profil entouré de trois fermaux (agrafes), et celle de poids monétaires révèlent que cette habitation fut également un lieu de négoce, voire de pouvoir.
Où l'on apprend l'histoire d'Huguenin Jacquin et de sa lignée
Issu d'une lignée de maires de Cestres, Huguenin Jacquin est un négociant en laine lié au commerce international par l'intermédiaire d'un certain Antonio dei Grassi, marchand milanais. En effet, à partir du milieu du XIVe siècle, les marchands lombards sont massivement présents sur les foires, où leur activité prédomine sur le marché de la laine, des chevaux ou même de l'usure. Dès 1360, Huguenin Jacquin est plège, c'est-à-dire caution, du marchand lombard. En 1376, le Bourguignon devient son créancier et fait saisir les laines d'Antonio dei Grassi. De 1383 à 1384, Huguenin Jacquin est châtelain de Talant et sert d'intermédiaire entre la duchesse Marguerite et ses « preneurs de cheptel ». Par la suite, sa fille Églantine épouse un certain Perrenot Poinsot de Saint-Seine. Elle poursuit le commerce paternel au tournant des XIVe et XVe siècles, notamment en compagnie de son fils, Guillaume, durant son veuvage. Guillaume deviendra à son tour maire de Cestres.
Si la mémoire collective a totalement oublié l'existence d'Huguenin Jacquin et de sa lignée, le nom de la parcelle actuellement fouillée, la « Vie aux Maires », perpétue une des charges qu'incarna cette famille de Cestres.
Cette fouille permet de mettre l'accent sur une figure rarement abordée par l'archéologie : celle d'un négociant rural, personnage puissant aux multiples activités : marchand, châtelain, représentant d'une communauté. Fortement ancré localement, il participe également au commerce international par l'intermédiaire de la laine, une matière première qui a fait la richesse des plateaux du Châtillonnais au Moyen Âge. Un ensemble de bâtiments contemporains de l'habitat d'Huguenin Jacquin, dévolus à l'élevage des ovins pour leur laine, a d'ailleurs été découvert à proximité.
La fin tragique des Jacquin ?
Abandonnée en catastrophe, la demeure des Jacquin ne sera plus jamais réoccupée. Partiellement démantelée pour ses pierres, elle sera rapidement recouverte d'une couche de terre de colluvion, la parcelle trouvant une vocation agricole jusqu'à nos jours.
Mahaut Tyrrell
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