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Aux origines d'Alger : un diagnostic archéologique place des Martyrs
Les travaux d'infrastructure du métro d'Alger et de ses ouvrages annexes (stations, puits de ventilation, etc.) se déroulent dans le périmètre de la Casbah, inscrit au patrimoine national algérien depuis 1973, et au Patrimoine mondial de l'Humanité par l'Unesco en 1992. Plus de 2 000 ans de l'histoire d'Alger y sont enfouis.
Ce quartier recouvre en effet une partie de l'agglomération d'Ikosim, un ancien comptoir punique. Les connaissances sur l'origine de cette cité sont toutefois limitées : la fondation de l'antique Ikosim remonterait au IIIe siècle avant notre ère. La cité faisait partie intégrante du royaume de Maurétanie de Juba II (52 av.- 23 de notre ère), prince élevé à Rome et dont la capitale est Césarée (Cherchel). En 40 de notre ère, la mainmise romaine devient totale après l'assassinat de Ptolémée, fils de Juba II, sur ordre de Caligula. Ikosim, sous le nom romanisé d'Icosium, devient alors municipe romain - statut dont bénéficient les cités autonomes au sein de l'Empire. En 371-372, la Maurétanie se soulève et suit Firmus, prince rebelle à Rome, qui souhaite instaurer un état indépendant : Césarée et Icosium sont prises. Au VIIe siècle, à la naissance de l'Islam, la tribu des Beni Mezrenna s'y implante. En 1516, le corsaire Arudj Barberousse fonde à Alger une république qui résistera à Charles-Quint. Puis la ville connaît un développement important à partir du XVIe siècle, sous la domination ottomane. À partir de 1830, l'époque coloniale laisse également son empreinte.
Pour les archéologues, il s'agit là d'une occasion unique d'ouvrir une fenêtre dans le sous-sol de la place des Martyrs. Bien conservés, les niveaux archéologiques atteignent plus de 7 m d'épaisseur. Le site révèle des caves de l'époque coloniale, un quartier commerçant d'époque ottomane (XVIe-XIXe siècles), d'importants vestiges paléochrétiens et des niveaux antiques.
Un partenariat international exemplaire
L'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés (ogebc) et l'Entreprise du métro d'Alger (ema) lui apportent leur concours matériel.
L'intervention est réalisée par une équipe franco-algérienne d'archéologues qui mettent en commun leurs compétences et leur savoir-faire et relèvent de plusieurs institutions agissant de concert :
- ministère de la Culture de la République algérienne démocratique et populaire ;
- Institut national de recherches archéologiques préventives ;
- Centre national de la recherche archéologique ;
- Direction de la culture de la wilaya d'Alger ;
- Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés.
Les résultats de ce diagnostic permettront de préciser, voire de restreindre l'emprise de la station de métro, afin de limiter la destruction des vestiges.
Le quartier des souks ottomans
Une basilique paléochrétienne
Le dernier sol, qui recouvre un état primitif, est constitué d'une mosaïque polychrome qui pourrait remonter au ive ou ve siècle de notre ère. La partie périphérique comporte un décor de cercles sécants noirs sur fond blanc avec croix centrale. Le décor central est constitué de cercles dentelés alternativement rouges et verts, et d'une série de panneaux carrés décorés de « noeuds de Salomon ». Il subsiste la base d'un piédestal mouluré dans ce qui pourrait être l'abside ainsi que les traces d'encastrement de panneaux d'un chancel dans le choeur.
Après l'abandon de l'édifice religieux, une nécropole est installée dans les ruines du bâtiment.
Cet ensemble recouvre un édifice plus ancien remontant au Haut-Empire romain, dont ne subsistent que les fondations.
Au nord de l'emprise, un autre sondage a révélé un quartier d'habitation de l'époque ottomane, repris et transformé pendant la colonisation. Il surmonte les murs de maisons romaines occupées jusqu'à l'antiquité tardive.
Ces résultats sont encore provisoires, puisque les niveaux les plus profonds de la place des Martyrs n'ont pas encore été dégagés laissant espérer des vestiges de l'époque punique, voire des vestiges proto et préhistoriques.
Mahaut Tyrrell
chargée de communication médias
Inrap, pôle partenariats et relations avec les médias
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Catherine Dureuil
chargée du développement culturel et de la communication
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