Les archéologues de l’Inrap ont achevé, à Vénissieux (Rhône), la fouille de l’ancien fossé défensif de Lyon, abandonné et comblé au début du XXe siècle. Transformé en dépotoir, son étude a livré des milliers d’objets.

Dernière modification
07 juin 2019

Cet ensemble archéologique est sans précédent dans la région pour la période contemporaine.
L’opération s’inscrit dans le cadre de la création d’une zone d’aménagement au lieu-dit « Le Puisoz ». L’équipe de l’Inrap a fouillé une emprise de 7 371 m2, sur prescription de l’État (Drac Auvergne Rhône-Alpes).

Lyon ville fortifiée à la fin du XIXe siècle

Ce fossé défensif est un vestige d’aménagements de l’après-guerre « franco-prussienne » de 1870-1871. Il s’intègre à un système défensif complexe, composé de 17 forts dont ceux de Feyzin, Bron ou Corbas,  qui constitue la seconde ceinture de fortifications de Lyon. Dénommé « Système Séré de Rivières », ses travaux commencent dans le secteur du Puisoz à Vénissieux au printemps 1885.
Cette enceinte, constituée d’un mur de béton de 6 m de haut, vient compléter en retrait le système de défense des forts, et protège le centre ville de Lyon, mais aussi la ville de Villeurbanne et les nouveaux quartiers du Sud et de l’Est lyonnais.
Dès le début du XXe siècle, l’ensemble est progressivement abandonné. En 1927, l’enceinte est officiellement déclassée et rasée pour faire place au projet du « Boulevard Périphérique » initié dès 1924 par Édouard Herriot, maire de Lyon, et le Président du Conseil général du Rhône, Laurent Bonnevay. À partir de cette date le grand fossé est en partie utilisé en dépotoir et comblé.

Identifiant Scald invalide.

Histoires de poubelles : morceaux choisis d’un dépotoir en Lyonnais dans les Années folles

Au nord-est de la fouille, le comblement du fossé a été réalisé entre 1927 et 1930. Ce secteur de 400 m2 environ est un dépotoir avec des déchets issus des usines de verrerie voisines (Vénissieux et Lyon) et d’autres de contextes domestiques. Ces derniers sont composés exclusivement de fragments de poteries, de verre, de vaisselles en métal émaillé, de coquillages et d’objets en plâtre ou en pierre.
Ils témoignent d’un tri sélectif, sans doute en lien avec les méthodes mises en œuvre à la fin du XIXe siècle à Lyon et préconisées par les hygiénistes.
Les déchets sont entassés sur près de 4 m d’épaisseur, sans réelle trace de matière organique ou de sédiment. Un échantillon représentatif a été prélevé : plus de 30 000 tessons de poteries, porcelaines, faïences fines et grès, plus de 3 000 fragments d’objets en verre. Les objets exhumés illustrent la période 1860-1930. La variété des productions, locales, régionales ou exotiques (porcelaines de Chine et du Japon), est remarquable. Ces objets sont l’illustration de la vie domestique (alimentation, boisson, cuisine, manières de table, jouets, hygiène, santé...), artistique (Art Déco, Japonisme), commerciale (brasseries lyonnaises, restaurants, pharmacies...) ou économique et constituent de véritables morceaux choisis du quotidien des Lyonnais pendant, notamment, les Années folles.
 

Aménagement  Société LIONHEART filiale de l’Immobilière Leroy-Merlin
Contrôle scientifique  Service régional de l’Archéologie, Drac Auvergne Rhône-Alpes
Recherche archéologique  Inrap
Responsable scientifique  Alban Horry, Inrap