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Avenue Jules-Quentin
La fouille, d'une emprise de 6 000 m2, a été réalisée sur une parcelle de 8 000 m2, en bordure de l'A86 à Nanterre, qui avait déjà fait l'objet d'interventions.
La parcelle étudiée, bien que recouverte par une usine, avait été préservée par les 2 m de remblais qui scellaient les niveaux archéologiques.
Deux occupations distinctes et successives ont ainsi pu être mises en évidence, posant sous des angles différents la question du statut de Nanterre au sein de la cité des Parisii depuis le IIIe s. avant notre ère jusqu'à la Conquête.
Une nécropole, regroupant une trentaine d'individus inhumés ou incinérés (un cas), témoigne des déplacements de groupes humains à l'aube du IIIe s. avant notre ère. Faisant écho à la découverte d'une tombe à char (Hubert 1902) à la limite des communes de Nanterre et de Bezons, cet ensemble se caractérise à la fois par un recrutement funéraire assez large et par une forte représentation de la sphère militaire. En effet, les cinq hommes adultes inhumés sont tous des porteurs d'épées, armes dont la typologie illustre parfaitement les innovations techniques et stratégiques propres à cette époque. La présence de parures annulaires d'inspiration orientale, mais également le traitement tout à fait particulier réservé aux enfants (dépôts mis en scène) constituent par ailleurs d'autres axes de recherche.
La zone d'habitat, initiée vers le milieu du IIe s. avant n. è., témoigne d'une forte structuration fonctionnelle que les fouilles liées à l'aménagement de l'A86 quelques années auparavant laissaient déjà présager. Au centre de la parcelle, un espace quadrangulaire délimité par un système fossoyé, dépourvu de vestiges, est flanqué, au nord et au sud, de deux pôles de bâtiments sur poteaux. À l'est, mais aussi à l'ouest, cet ensemble tripartite est délimité par deux rues parallèles d'axe nord-est/sud-ouest. Du fait de microreliefs originels, des lambeaux de cette voirie de La Tène finale avaient été préservés de l'érosion, témoignant ainsi d'un aménagement soigneux de cailloutis compacté. Au dos de chaque unité d'habitation, des puits avaient été implantés, conférant dès lors à l'accès à l'eau un aspect très probablement privatif. Ces puits, appareillés de blocs de calcaire parfois équarris, n'excèdent pas 2 m de profondeur, confirmant de telle sorte la présence haute de la nappe phréatique à cette époque. Dans sa phase d'occupation la plus tardive, la parcelle, après un hiatus de près d'une cinquantaine d'années, est réinvestie de façon différente. Dès le début de notre ère en effet, le tracé de l'ancienne rue côté est est repris par un système parcellaire dont seule une fosse paraît contemporaine.