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De la Gaule romaine à la France : construire une souveraineté, occuper les terres
Dans le cadre de son 20e anniversaire, l'Inrap a organisé le 14 octobre 2022 au Sénat son colloque annuel intitulé « Archéologie et territoires », une approche inédite de la fabrique des territoires locaux et des espaces politiques en France du Néolithique au Moyen Âge.
Colloque « Archéologie et territoires », Laurent Schneider, CNRS
Entre héritage, création et adaptation, en un millénaire le Moyen Âge a profondément remodelé les paysages et territoires des anciennes Gaules tandis que des constructions politiques multiples et fécondes se sont succédé en Europe. De ces Gaules à la France, on n’abordera pas ici, dans une perspective linéaire de géographie historique, les étapes, les cadres et les lignes qui ont dessiné, organisé et hiérarchisé l’espace et les bornes de l’avant et de l’après royaume capétien. Bien au contraire, ce que l’archéologie médiévale offre aujourd’hui à la réflexion repose davantage sur une meilleure connaissance des territoires locaux, entre enracinement des hommes, plasticité et dynamique de l’habitat, conquête de tous les espaces, cycles de croissance, crises et réponses parfois aux aléas.
Tandis que la pression de l’Homme partout se fait ressentir avec une nouvelle acuité, de nouveaux filets encadrent les populations et les mobilités jusqu’à l’échelle locale, en dessous des principautés, des cités, comtés et diocèses, des villes et des monastères. Le long Moyen Âge a créé de multiples et nouvelles polarités, mais aussi des capillarités jusqu’alors inédites et l’archéologie s’est adaptée à ces échelles complexes.
De son legs dans le présent, sans doute les 35 000 communes actuelles, situation singulière qui étonne toujours en Europe, en sont-elles le fruit. Avant l’État-nation la fabrique territoriale du Moyen Âge combine cette échelle locale complexe avec des souverainetés en compétition.