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Des seigneuries au royaume de France. Nouveaux pôles, nouveaux maillages territoriaux (XIe-XVe siècle)
Dans le cadre de son 20e anniversaire, l'Inrap a organisé le 14 octobre 2022 au Sénat son colloque annuel intitulé « Archéologie et territoires », une approche inédite de la fabrique des territoires locaux et des espaces politiques en France du Néolithique au Moyen Âge.
Colloque « Archéologie et territoires », Pierre-Yves Laffont, université Rennes 2
Après la relative centralisation de l’époque carolingienne, le XIe siècle se caractérise par une extrême atomisation des pouvoirs. La fin du XIe et surtout le XIIe siècle sont le temps de la constitution de puissantes principautés, bien que l’autorité des seigneurs châtelains locaux reste alors l’horizon politique de la majeure partie des populations. Les XIIIe-XVe siècles sont, quant à eux, ceux d’efforts constants de centralisation politique et administrative autour de la figure majeure du roi capétien désormais le plus grand seigneur en son royaume, même s’il doit toujours faire face à de puissants princes. Tous, souverains, princes et seigneurs châtelains, bâtissent des résidences fortifiées ou des palais dans leurs capitales régionales et dans leurs domaines pour matérialiser leur autorité sur les territoires. Cette politique de maillage territorial par les élites laïques, chacune à leur échelle, doit aussi se comprendre, surtout à partir du XIIe siècle, en lien avec l’essor urbain que connaît alors l’Occident.
Dans le même temps, la petite et moyenne aristocratie parsème les campagnes de centres domaniaux plus ou moins fortifiés qui sont autant de microlieux de pouvoir. De cet immense effort de monumentalisation des pouvoirs territoriaux durant les cinq derniers siècles médiévaux, l’archéologie nous offre depuis quelques décennies une vision très largement renouvelée.