À Bayonne, l'Inrap met au jour les vestiges de l'ancien couvent des Dominicains (XIIIe-XVIIIe siècles), ainsi que des occupations environnantes médiévales et modernes, sur trois niveaux de rues. La fouille du couvent a livré plus de 80 sépultures s'étalant du Moyen Âge à l'époque moderne, ainsi que des éléments architecturaux, comme des chapiteaux décorés, rares à Bayonne.

Dernière modification
18 janvier 2022

En amont du projet de rénovation et d’extension du musée Bonnat-Helleu par la Ville de Bayonne, les archéologues de l’Inrap réalisent, sur prescription de l’État (Drac Nouvelle-Aquitaine), une fouille archéologique. Cette opération s’est déroulée sur une surface de 1240 m2 dans l’ancienne cour de l’école élémentaire Jacques-Laffitte. Dans un second temps, elle intégrera également la fosse d’ascenseur située entre le musée et le lycée Paul-Bert. 

 

Le quartier Bourg-Neuf, lieu d’implantation du couvent des Dominicains

Ce quartier du Petit Bayonne a fait l’objet d’une urbanisation assez tardive à l’échelle de l’histoire de la ville de Bayonne : ces terres basses, en rive droite de la Nive, auraient été conquises vers le milieu du XIIe siècle, suite à l'augmentation de la population de Bayonne durant le haut Moyen Âge. En 1221-1222, l’ordre mendiant des Dominicains s’installe sur l’actuelle place du Réduit. En 1273, sur recommandation du pape Clément IV, les Frères s’implantent sur un vaste espace à l’intérieur de la première enceinte du Petit Bayonne.

Les archéologues ont mis en évidence deux types de constructions pouvant correspondre, d’une part, à une partie du couvent avant la reconstruction de 1545 et, d’autre part, à des bâtiments civils. L’étude du bâti a permis de mettre en exergue au minimum trois constructions médiévales, associées à plusieurs niveaux de rue. Ces constructions sont rehaussées à l’époque moderne ainsi que le niveau de la rue avec l’utilisation de nouveaux types de matériaux.

Vue de la rue.

Au total quatre bâtiments modernes ont été mis au jour en bordure de la rue. Cette dernière est recoupée par le creusement d’un fossé en direction de la fosse aux mâts et de l’Adour. Visible sur un plan de 1674, il serait daté de la seconde moitié du XVIIe siècle. Les différentes maçonneries ne figurent sur aucun plan ancien de la ville.

La fouille vue de haut.

 

80 sépultures

Les recherches portent sur l’intérieur du couvent. 80 sépultures ont pu être identifiées dans un état correct de conservation, dont une sépulture double. Cependant, les recoupements très fréquents et de très nombreux os en vrac ont également été mis au jour, compliquant la lecture des vestiges funéraires. Les défunts sont majoritairement inhumés dans des fosses simples, recouvertes de couvertures de planches, et orientées nord-ouest/sud-est.

Quelques tombes ont été installées selon d’autres orientations, questionnant le statut des inhumés ou les contraintes inhérentes à l’architecture du couvent. Certaines sépultures sont localisées en bordure du mur extérieur ainsi que dans les angles avec les contreforts internes. L’utilisation de cet espace funéraire pendant une longue période entraîne une perte de la mémoire des tombes, donc le recoupement des sépultures plus anciennes au profit d’inhumations plus récentes. À l’intérieur, des religieux y sont probablement inhumés mais également des laïcs, ce dont témoigne des sépultures de femmes et d’enfants qui devaient payer pour cet emplacement privilégié.
Enfin, fait rare à Bayonne, des éléments architecturaux de type chapiteaux, à décor feuillagé ou figuré, ont été mis au jour à l’intérieur du couvent.

 élément architectural de type chapiteau, à décor feuillagé ou figuré.

Lapidaire : élément architectural de type chapiteau, à décor feuillagé ou figuré.

©Ludovic Héricotte, Inrap

 

Une stratigraphie témoin de l’aménagement des berges à l’époque médiévale

Toutes ces découvertes seront soigneusement enregistrées et photographiées avant d’être prélevées et conditionnées en vue d’une étude future. La seconde étape de l’opération archéologique, prévue à partir du printemps 2022, devrait fournir des informations complémentaires sur la présence de structures plus profondément enfouies comme des aménagements de berge, des épaves ou des fragments d’embarcations. Une approche paléoenvironnementale sera menée afin d’évaluer l’impact de l’homme sur le milieu.

Vue générale du chantier de fouille.
Maître d’ouvrage : Mairie de Bayonne
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie, Drac Nouvelle-Aquitaine
Recherches archéologiques : Inrap
Responsable de recherches archéologiques : Ludovic Hericotte, Inrap