Sur le site du couvent des Jacobins, à Rennes, une équipe d'archéologues de l'Inrap achève l'une des plus importantes fouilles urbaines jamais menées dans l'Ouest de la France. Cette opération a été prescrite par l'État (Drac Bretagne) en amont de la construction du futur centre des congrès de Rennes Métropole. En seize mois, une trentaine d'archéologues ont fouillé 8 000 m2, comprenant le couvent, le jardin du cloître et les cours extérieures. Ils ont multiplié les découvertes sur ce quartier de l'antique cité de Condate, sur son évolution en faubourg médiéval et sur l'histoire du couvent des Jacobins.
Dernière modification
28 juillet 2016

Parmi les plus remarquables : un temple du IIIe siècle entouré de grandes maisons urbaines et des maçonneries médiévales qui révèlent l'histoire architecturale de l'édifice religieux.
Dans ce lieu de pèlerinage et d'inhumation, les archéologues ont aussi recensé près d'un millier de sépultures médiévales et modernes débouchant sur une étude anthropologique sans précédent en Bretagne. La découverte de tombes prestigieuses dont six sarcophages en plomb et des traces de pratiques d'embaumement révèlent  des personnalités religieuses ou civiles de haut rang. La fouille du choeur de l'église, dans les semaines à venir, constituera le point d'orgue de cette vaste opération.

Des sarcophages et des coeurs en plomb pour d'éminents défunts

Des sarcophages et des coeurs en plomb pour d'éminents défunts
Le couvent des Jacobins a servi de lieu d'inhumation entre le XVe et le XVIIIe siècle, non seulement pour les religieux, mais également pour de nombreux fidèles qui se faisaient enterrer au plus près du tableau de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, oeuvre de dévotion. Près d'un millier de sépultures ont ainsi été localisées, principalement dans la salle du chapitre, lieu d'inhumation en principe réservé aux frères, dans la galerie des enfeus ou dans l'église. Parmi elles, plusieurs tombes prestigieuses ont été identifiées : caveaux maçonnés, enfeus ornés de blasons et six sarcophages en plomb, retrouvés principalement dans le choeur de l'église. À la tête de l'un d'eux, les archéologues ont découvert trois coeurs en plomb accolés, portant des anneaux de suspension à l'image de ceux utilisés pour la vénération des reliques. 
Des traces d'embaumement, pratique funéraire réservée aux élites, et des orientations atypiques du défunt (nord-sud) ont aussi été observées. Ces indices signalent l'appartenance probable de ces défunts particuliers à de riches familles de la région.

Des données inédites sur l'état sanitaire de la population rennaise à l'époque moderne

Les anthropologues entreprendront une étude biologique des individus (sexe, âge au décès, état sanitaire, données métriques et anatomiques...). Les données seront alors traitées de manière statistique et comparées à d'autres sites de la même époque. Sur le plan sanitaire, ils observeront l'état général des squelettes (traumatismes, pathologies dégénératives, ...) et leur état bucco-dentaire, reflet de l'alimentation et des soins reçus. Ils rechercheront aussi les traces de maladies infectieuses, épidémiques ou non, ayant sévi. Enfin, des études de paléomicrobiologie, en collaboration avec le laboratoire AMIS (Anthropologie moléculaire et imagerie de synthèse, UMR 5288 CNRS/Université de Toulouse-Paul Sabatier) permettront de compléter les connaissances sur l'état de santé des individus inhumés au couvent des Jacobins.
Ainsi, cette étude anthropologique, menée sur un large échantillon, apportera des informations inédites sur l'état sanitaire et social d'une partie de la population rennaise entre le XVe et le XVIIIe siècle.
Aménagement : Rennes Métropole
Contrôle scientifique : Service régional de l'Archéologie (Drac Bretagne)
Responsable scientifique : Gaëtan Le Cloirec, Inrap
Anthropologue : Rozenn Colleter, Inrap
Contact(s) :

Mahaut Tyrrell
chargée de communication médias
Inrap, pôle partenariats et relations avec les médias
01 40 08 80 24
mahaut.tyrrell [at] inrap.fr

Sandrine Lalain
chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Grand Ouest
02 23 36 00 64 -
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