Dans le sud-ouest du quartier du forum de Nemausus (Nîmes), à une centaine de mètres de la Maison carrée, l'Inrap fouille deux riches maisons romaines du Haut-Empire dont l'une a livré un sol de marbre en opus sectile, ainsi que des vestiges d'enduits peints.

Dernière modification
13 juillet 2022

À Nîmes, rue Pelloutier, une fouille préventive, réalisée par l'Inrap, a été prescrite par le service régional de l’archéologie (Drac Occitanie), dans le cadre du programme immobilier prévoyant une cinquantaine d’appartements mené par le groupe Cogedim (« Écrin des arts »). L’objectif de cette opération d’archéologie préventive qui s’est achevée le 12 février 2021, est de sauvegarder, par l’étude scientifique, les vestiges romains qui avaient été identifiés lors d’un diagnostic réalisé précédemment par l’Inrap.

Une pièce de réception aux enduits peints

Le plan complet des domus dépasse les limites de la fouille et des parcelles du programme d’aménagement. Néanmoins, l’un de ces deux bâtiments se signale par la présence d’une pièce de réception reconnue dans sa presque totalité. Fait rare dans le contexte archéologique nîmois, les enduits peints ornant les parois de cette salle ont été découverts effondrés au sol. Les traces visibles au revers de ces enduits montrent qu’ils étaient initialement posés sur un mur édifié en terre et incisé en chevrons pour assurer leur bonne adhérence. Sur leur face peinte, ces enduits présentent un décor classique à grands panneaux rouges et inter-panneaux noirs accueillant des candélabres raffinés. Ce type de composition correspond à une mode très présente en Gaule romaine au Ier siècle de notre ère.

Un tapis de sol en opus sectile

Le béton de sol associé aux enduits peints présente un décor géométrique en nid d’abeille fait de tesselles noires. Dans le grand axe de la pièce, ce pavement comprend un tapis en opus sectile, terme latin désignant un revêtement de sol fait de plaquettes de marbres, assemblées ici en damier et qui proviennent de différentes provinces de l’Empire. Le choix du marbre pour enrichir le décor incite à attribuer cette domus à un notable de la cité antique de Nîmes.

D’autres vestiges reflètent également le niveau de luxe, comme des pièces avec système de chauffage par le sol avec hypocauste et tuyaux de chaleur. Dans une des cours, se trouvait un bassin à abside semi-circulaire et revêtement de marbre blanc du type Carrare. La seconde cour était agrémentée de plantations, certaines étant représentées par des pots horticoles trouvés en place.


 

Aménagements postérieurs

Dans ce secteur situé à très faible distance de la ville médiévale et moderne, les vestiges antiques ont subi des remaniements importants (caves, cuve à fuel, fondations de murs du XXe siècle...). Cependant, leur étude détaillée devrait permettre, à l’issue de la fouille, d’appréhender l’organisation des constructions au sein de cet îlot d’habitations de Nîmes antique. Une sépulture médiévale a été également découverte. Le corps, qui avait été mis dans un linceul et placé en décubitus dorsal, est celui d’un adolescent. Cette tombe isolée est antérieure à un couvent installé dans le quartier au XVIIe siècle et rattaché au couvent des Visitandines.

Aménagement : COGEDIM
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Occitanie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Bertrand Houix, Inrap