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Entre les murs, le futur musée dévoile des pans de la ville médiévale d’Autun (Saône-et-Loire)
Depuis avril 2025, l’Inrap et le Service archéologique de la Ville d’Autun fouillent plusieurs secteurs au cœur de la ville haute d’Autun en amont de la création du futur Panoptique d’Autun - musée Rolin. Les travaux de réhabilitation et d’extension visent à créer un grand site muséal intégrant plusieurs édifices emblématiques dans une même entité : l’hôtel Rolin (XVe siècle) abritant jusqu’à aujourd’hui le musée du même nom, le Palais de Justice et la prison attenante (XIXe siècle).
Un espace contraint
L’intervention porte sur un espace singulier, contraint, situé entre les murs de l’enceinte réduite très certainement édifiée à la fin de la période romaine et la fortification de la ville haute agrandie au XIIe siècle. Occupé de manière continue depuis la fondation de la ville à l’époque augustéenne, ce secteur, siège du pouvoir, abrite le groupe épiscopal d’origine paléochrétienne et le quartier canonial (démantelé à la Révolution). L’enjeu de la fouille est de comprendre la mise en place d’un tissu urbain dense dans un espace particulièrement attractif mais marqué par un contexte topographique de forte pente.

Vue aérienne de la ville haute d’Autun. Au centre la prison panoptique, à l’arrière-plan la cathédrale Saint-Lazare.
© Christophe Fouquin, Inrap

Vue aérienne du chantier en cours de fouille au nord de la prison panoptique.
© Christophe Fouquin, Inrap

Vue aérienne du chantier en cours de fouille au nord de la prison panoptique.
© Christophe Fouquin, Inrap
L’établissement d’un quartier médiéval sur les pentes de la ville haute
Le secteur en cours de fouille révèle qu’au cours des périodes médiévale et moderne, la construction de maisons et de jardins a été rendue possible par la réalisation d’un ensemble complexe de terrasses. Ces dernières ont finalement été masquées par la construction, en 1856, de la prison circulaire sur une vaste esplanade constituée par l’apport d’un imposant remblai.

Secteur (A) du chantier en cours de fouille.
© Christophe Fouquin, Inrap

Visite de chantier. A l’arrière-plan l’hôtel Rolin, actuel musée Rolin (fermé).
© Christophe Fouquin, Inrap

Ambiance de fouille au pied de la prison panoptique et de l’hôtel Rolin.
© Valérie Viscusi, Inrap
Les fosses dépotoirs, creusées dans les jardins, et mises au jour lors de la fouille, ont livré des fragments de céramiques domestiques (stockage et cuisson) permettant des dater ces aménagements entre les XVe et XVIIe siècles.
L’opération archéologique permet de comprendre que le rehaussement des niveaux de sol de la ville haute a été accompagné de campagnes successives de réfection du mur d’enceinte du XIIe siècle, devenu obsolète et transformé en mur de soutènement.

Marmite du XVIIe siècle.
© Olivier Simonin, Inrap

Extrémité de ceinture du bas Moyen Âge.
© Olivier Simonin, Inrap
Un vaste bâtiment à proximité de l’hôtel Rolin (XVe siècle)
Au Moyen Âge, les bâtiments sont étagés dans la pente. Plusieurs maisons bordent la rue et donnent accès à la porte principale de l’enceinte médiévale (actuelle Porte des Bancs). Trois d’entre elles sont achetées par le chancelier Rolin vers 1430 pour construire son hôtel constitué de deux ailes reliée par un escalier à vis. À l’arrière du bâtiment s’élevait une maison canoniale observée lors du diagnostic préalable à la fouille (Service Archéologique de la Ville d’Autun).

Maçonnerie en cours de fouille.
© Christophe Fouquin, Inrap
Plus bas, des constructions partiellement excavées dans la pente ont été démolies pour l’édification d’un bâtiment remarquable, détruit au XIXe siècle. Ce bâtiment s’inscrit en limite de terrasse comme en témoigne la mise au jour de son mur nord pourvu de contreforts. Décrit dans des actes de rente du XVIIIe siècle, il abritait des écuries couvertes par deux travées voûtées supportées par des piliers. Les larges murs et l’imposant massif de fondation témoignent de l’ampleur de cet aménagement. La construction, très soignée, recourt largement à des pierres de taille et des petits moellons cubiques probablement antiques.

Mur nord des écuries avec son contrefort et, à l’arrière-plan, un bâtiment semi-enterré.
© Valérie Viscusi, Inrap
La poursuite des recherches archéologiques, sur une profondeur d’un mètre dans certains secteurs et de plusieurs mètres dans d’autres, devrait permettre de d’explorer les occupations du Moyen Âge central et du haut Moyen Âge. Elles permettront peut-être d’atteindre des vestiges de la ville antique.

Proposition de restitution de la ville haute au XVe siècle avec l’emprise du projet au moment du diagnostic. Antoine Belot 2023 d’après Amélie Béguin 2009, Sylvie Balcon-Berry et al. 2021, Armelle Fort 2007 et les données du service archéologique de la ville d’Autun.
© Antoine Belot, SAVA
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bourgogne-Franche-Comté)
Recherche archéologique : Inrap, Service archéologique de la ville d’Autun
Responsable scientifique : Valérie Viscusi, Inrap