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Hôtel Dieu 6 Place Daviel II
Une équipe d'archéologues de l'Inrap a fouillé à Marseille (Bouches-du-Rhône), sur prescription de l'État (Drac de Provence-Alpes-Côte d'Azur), l'emprise de l'Hôtel-Dieu dans le cadre de la transformation des bâtiments en hôtel.
Le site, sur la rive nord du Vieux-Port de Marseille, est au coeur de la ville antique et surplombait le port grec, auquel a succédé un grand complexe thermal romain.
L'hôpital et l'église du Saint-Esprit
C'est sur la colline du Panier que les premiers habitants de la colonie grecque sont venus s'installer, six siècles avant notre ère. Mais dans l'enceinte de l'Hôtel-Dieu, le diagnostic archéologique, mené par l'Inrap en 2008, a montré que la succession des constructions modernes avait en grande partie fait disparaître les traces d'occupations antérieures. Seuls les jardins, situés en bas de pente, ont conservé des vestiges archéologiques relativement denses. Ici s'installe la confrérie du Saint-Esprit à la fin du XIIe siècle. Elle est à l'origine de l'émanation du pouvoir municipal, et joue un rôle politique prépondérant à Marseille durant tout le Moyen Âge.
L'Hôpital du Saint-Esprit, reconstruit à plusieurs reprises, cède la place à l'Hôtel-Dieu dans sa configuration actuelle, au XVIIIe siècle. Les anciens bâtiments seront démolis à la fin du XIXe siècle avec la création des jardins.
L'église du Saint-Esprit a été retrouvée et dégagée dans sa quasi-totalité. Elle mesure 9 m de large et 28 m de long, soit avec les chapelles quelques 300 m2. Les parties hautes ayant disparu, ce sont les fondations, caveaux et cryptes qui ont été mis au jour, témoignant du remaniement important de l'édifice au début du XVIIe siècle. Le sous-sol de l'église conserve des vestiges antérieurs, notamment médiévaux. Mais la découverte majeure est la présence de sols romains bien conservés réutilisés aux XVIIe et XVIIIe siècles comme sols des cryptes.
Un sol aménagé il y a 2 000 ans
Dans la crypte de l'église, les sols romains sont particulièrement bien conservés et ont été réutilisés durant le Moyen Âge et l'époque moderne. Ce pavement, construit au moyen de grosses tesselles irrégulières de pierres blanches, noires, jaunes et rouges (opus de style délien), faisait peut-être partie d'un habitat privilégié dominant le port. Il a été dégagé sur environ 100 m2 et déborde l'emprise de la fouille.
Outre son caractère spectaculaire, la mise en perspective de cette découverte avec les vestiges connus alentour, permettra de préciser la topographie de Marseille antique et d'éclairer un secteur méconnu de la ville romaine.
Cette opération est menée en partenariat avec les services techniques de la ville de Marseille, et en particulier avec l'adjoint au Patrimoine et Monuments Historiques.