Dans La Lettre institutionnelle de l'Inrap, Claire Giry, directrice générale de la recherche et de l’innovation au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, revient sur le rôle que joue l'archéologie préventive dans la recherche historique, au travers notamment d'un récit renforçant le lien entre les citoyens et leur passé.

Dernière modification
02 février 2022
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Depuis 2018, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a souhaité réserver une « enveloppe sciences humaines et sociales (SHS) » dans le budget national de recherche. Les SHS, moins largement organisées en grands laboratoires que les autres sciences, sont ainsi confortées.
Dès 2021, sur cette enveloppe, l’Inrap a pu bénéficier d’une subvention fléchée lui permettant désormais de financer, chaque année, deux contrats doctoraux consacrés à l’étude de sites ou de matériels issus de l’archéologie préventive. Cette mesure vise deux cibles : les jeunes chercheurs, d’une part, en l’occurrence tous ces jeunes archéologues pour lesquels le doctorat constitue une étape importante de professionnalisation ; et, d’autre part, l’exploitation du formidable réservoir de données scientifiques que produisent, d’année en année, les opérations de l’Inrap sur notre territoire, par ses diagnostics, par ses fouilles et par ses expertises. Le rôle de l’archéologie préventive dans la recherche historique n’est plus à démontrer, et l’Inrap est l’acteur majoritaire dans l’exhumation de notre patrimoine et dans cette écriture matérielle de notre histoire commune. La mesure de soutien spécifique que nous avons décidée renforce ainsi la politique de recherche que l’Inrap, ces dernières années, a su promouvoir par ses opérations et ses programmes. Récemment évalué par le Hcéres, l’agence nationale d’évaluation, qui loue son dynamisme scientifique, l’Inrap a multiplié les conventions avec le CNRS et a été pour la première fois reconnu à part entière comme une institution à vocation de recherche et inscrit sur la liste officielle par décret, le 1er juillet dernier. L’Inrap est aussi un des lauréats du dernier concours du Fonds national pour la science ouverte et a su convaincre par la diffusion de ses découvertes comme par l’exploitation des data archéologiques. J’attache à cette mission de diffusion auprès de la population des résultats de la recherche une importance majeure, en cette période marquée par trop de doutes sur la science.


L’Inrap, dans cette optique, permet d’entretenir un remarquable lien, par la recherche, entre notre passé et nos concitoyens. Chaque strate archéologique, chaque structure mise au jour vient grossir les archives inédites des territoires qui composent aujourd’hui la France, hexagone comme outre-mer. Des premiers hominidés jusqu’aux vestiges industriels, de l’emprunte microscopique à la banque de données, des gisements sous terre aux bâtiments en élévation, des confins de nos campagnes aux centres de nos métropoles, l’Inrap produit de la donnée scientifique et la diffuse auprès de la communauté savante comme d’un large public. Récemment, dans le magazine Historia, le Premier ministre Jean Castex affirmait que « l’histoire de France est un socle de valeurs, parmi lesquelles le respect et l’intégration ». Les archéologues y contribuent amplement, en montrant qu’il n’existe pas de culture ou d’identité monolithique, mais que toute notre histoire n’est qu’une suite de couches de civilisations qui ont intensément dialogué au fil du temps. Ils ne reconstituent pas un grand roman national ou d’hypothétiques racines originelles, mais un récit souvent complexe, toujours passionnant : celui de l’évolution des paysages, du développement des identités plurielles, des permanences et des innovations techniques, des migrations et des peuplements, de la construction des espaces politiques et des survivances comme des mutations économiques, sociales et culturelles.

Je forme le voeu que les deux jeunes archéologues recrutés désormais, année après année, en contrat doctoral par l’Inrap intensifient cette recherche pour que toutes et tous comprennent mieux les enjeux de notre présent à la lumière de notre passé commun.

Claire Giry
Directrice générale de la recherche et de l’innovation au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation
Docteure en biologie moléculaire et cellulaire, conseillère technique du Premier ministre pour l'enseignement supérieur et la recherche (2007 et 2009), Claire Giry a notamment assuré le développement des partenariats nationaux, européens et internationaux au CEA et à l’Inserm.


 

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