L'architecture synagogale médiévale en Europe : genèse, développements et influences

Dès l’Antiquité, de nombreuses synagogues furent construites, ces créations architecturales adaptées aux liturgies s’y déroulant, utilisant les formes et les techniques alors en usage. Cette culture fonctionnelle fut largement reprise puis réinterprétée par les chrétiens, les plus anciennes églises connues se référant explicitement au vocabulaire commun partagé avant, pendant et après la séparation avec le judaïsme, jusqu’à la rupture définitive du IV^e siècle.

Dès lors, les chrétiens polarisés par les célébrations eucharistiques, le salut des âmes et le culte des reliques s’éloigneront avec constance de leur religion-mère. Pourtant, les références iconographiques au judaïsme demeurent fréquentes au sein de l’expression iconographique chrétienne, les formes des différents styles du groupe majoritaire trouvant au sein de l’architecture synagogale un champ d’expression privilégié. Ces entremêlements traduisent des dialogues où les influences croisées des formes et des idées s’épanouiront en un ultime moment au cours des XII^e, XIII^e siècles, la captation symbolique définitive des héritages de l’Ancien Testament opérée dans le cadre de la réforme grégorienne annonçant les expulsions collectives des juifs d’Europe occidentale.

Ainsi, loin de n’être qu’une manifestation d’une identité religieuse homogène, l’architecture synagogale médiévale exprime une forte personnalité liée aux profils de leurs concepteurs, commanditaires et constructeurs y mêlant l’image symbolisée du Temple aux pratiques architecturales romanes ou gothiques, juxtaposant en un même édifice les tensions et les liens régissant les relations judéo-chrétiennes.

Intervenant

Claude de Mecquenem est archéologue à l'Inrap et spécialiste de l’archéologie du bâti (architecture religieuse et seigneuriale), il s’est intéressé à l’archéologie juive, à partir de 1999, à l’occasion d’un chantier de fouilles mené à Lagny-sur-Marne.