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L'Épine Gérard, Le Chemin de Riom
En amont de l'implantation par GRT Gaz d'une importante canalisation de transport de gaz dite Arc de Dierrey traversant la Champagne-Ardenne, une équipe de l'Inrap a mené une fouille de 1,5 hectare sur le tracé de l'ouvrage. Elle a révélé des monuments funéraires et des tombes datés de la fin du Bronze moyen et du début du Bronze final, soit environ 1350 avant notre ère. La nécropole compte une quarantaine de sépultures, inhumations et crémations confondues, associées à ces monuments funéraires. L'intérêt du site réside par ailleurs dans sa situation géographique, une zone de plateau peu sujette aux investigations archéologiques, contrairement aux vallées alluviales de la Seine et de l'Yonne au sein desquelles sont connus la plupart des sites de référence régionaux pour cette période.
Les monuments
La nécropole a révélé l'existence de monuments funéraires remarquables : cinq enclos matérialisés par des fossés, de tailles et de formes différentes. Deux enclos circulaires de 5 et 18 m de diamètre ont été découverts en périphérie du site. Plutôt arasés, ils n'ont pas livré de tombes associées, ces dernières ayant pu être détruites par l'action des labours. Les trois autres monuments se situent au coeur de la nécropole. Le premier est de forme rectangulaire (d'une longueur de 12 m) avec des angles arrondis et comporte une entrée au nord-est. Le second est de forme circulaire (d'un diamètre de 12 m) avec une entrée au sud marquée par la présence de poteaux. Ces monuments ont conservé leurs tombes centrales : des fosses rectangulaires de grandes dimensions, directement creusées dans la craie, avec un coffrage formé à partir de blocs de grès. Suite aux pillages, seuls quelques fragments d'os non-brûlés ont été retrouvés dans ces sépultures, confirmant qu'il s'agissait bien d'inhumations. Le troisième enclos fossoyé, bien que partiellement décapé, est de forme rectangulaire (d'une largeur de 8 m) et des angles plus marqués. Il abrite au moins deux sépultures.
Un second type de « monument » remarquable est apparu lors du décapage. Il s'agit de trois enclos de plan rectangulaire, orientés nord-sud comme la majorité des tombes de la nécropole, et délimités par des trous de poteau très rapprochés les uns des autres. L'enclos le plus imposant et le mieux conservé mesure 7,50 m par 3,75 m.
Leur fonction n'a pas encore été définie, toutefois, la présence d'une fosse oblongue, très arasée, dans l'aire interne de l'un d'entre eux peut s'apparenter à une sépulture. Ce type de construction, qu'il convient de dater plus précisément, n'est à ce jour pas connue en contexte funéraire durant cette phase de l'âge du Bronze, même dans les milieux plus explorés des vallées de la Seine et de l'Yonne.
Les sépultures
Une trentaine de sépultures, principalement des incinérations, sont dispersées entre les monuments funéraires sur une aire de 300 m du nord au sud du décapage principal. Près de la moitié des tombes se caractérise par un creusement de forme rectangulaire, aménagé de blocs de grès qui tapissent le fond et les parois de la fosse et compartiment l'espace interne. D'autres sépultures, d'apparence plus simple, s'inscrivent dans des petites fosses circulaires. Les esquilles d'os brûlés peuvent être dispersées dans le comblement des fosses ou regroupées dans une urne céramique ou en contenant périssable (sac ou vannerie). Les sépultures ont livré une panoplie d'objets particulièrement intéressante : épingles, agrafe de ceinture, jambière spiralée et poignard en bronze, ainsi que des lames en silex et des vases accessoires typiques du début du Bronze final.
Conclusion
La nécropole de Marigny-le-Châtel, de par la grande quantité de sépultures, la présence de monuments, la richesse du mobilier recueilli et la localisation du site, est un ensemble funéraire important à l'échelle régionale.
Elle témoigne surtout de la grande variété des pratiques funéraires à la fin du Bronze moyen et au début du Bronze final, mises en évidence à travers le traitement du corps, le dépôt funéraire et l'architecture des tombes. Son étude permettra un éclairage complémentaire sur ces thèmes en s'insérant dans les programmes de recherches déjà en cours sur les vallées de l'Yonne et de la Seine.