Créé le 1er février 2002, l’Inrap a eu vingt ans en 2022. Bilan d'une année singulière, riche en célébrations !

Dernière modification
26 janvier 2023

Une activité de terrain soutenue...

Du 20e anniversaire de la création de l’Institut, créé le 1er février 2002, un an après que soit promulguée la loi relative à l’archéologie préventive (17 janvier 2001), tous ses acteurs garderont le souvenir d’un intense tourbillon, dû à la variété des célébrations et à une activité de terrain soutenue. Avec 247 000 jours consacrés aux interventions archéologiques, l’établissement public en 2022 a enregistré une progression de ses opérations de près de 3 % par rapport à 2021 et de 10 % sur 5 ans. Ce résultat est lié à la forte activité d’aménagement du territoire constatée depuis 2021 grâce au soutien de l’État, notamment au travers du plan de relance, et atteste la confiance accrue des aménageurs publics et privés en l’Inrap. Les diagnostics archéologiques menés par l'Institut atteignent le niveau le plus haut depuis 10 ans (81 000 jours d’interventions), tandis que les fouilles se rapprochent du plafond historique (146 000 jours d’interventions), augmentant de 4 % par rapport à 2021 et de 12 % sur les cinq dernières années.
Pour 2023, l'Inrap maintient sa dynamique et ses moyens tant pour les diagnostics et les fouilles que pour la recherche et la valorisation des opérations archéologiques.

... Et des découvertes exceptionnelles

Parmi les découvertes remarquables qui ont ponctué cette année d’anniversaire, rappelons la mise au jour de deux temples gallo-romains à La-Chapelle-des-Fougeretz (Ille-et-Vilaine), des vestiges du château médiéval de Villers-Cotterêts, d’embarcations dans le lit de la Loire à l’île Coton près d’Ancenis (Loire-Atlantique), d’un quartier gallo-romain à Sens (Yonne), ou d’un navire du VIIe siècle à Villenave-d’Ornon (Gironde).

Les fouilles menées à la croisée du transept de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui ont permis de mettre au jour des sépultures (XVe et XVIIIe siècles) et surtout les fragments sculptés et polychromes de l’ancien jubé du XIIIe siècle, auront particulièrement marqué les esprits. Ces recherches préventives, préalables au montage de l’échafaudage nécessaire aux travaux de reconstruction de la flèche, témoignent du long chemin parcouru depuis l’époque houleuse du creusement du parking de la place du Marché-Notre-Dame (1973), aux temps de l’archéologie « de sauvetage », quand il fallait durement batailler pour préserver le patrimoine archéologique du risque de destruction entraîné par les travaux. 

20 ans de recherches et de découvertes archéologiques

Si la création de l’Institut en 2002 actait la prise en compte de l’intérêt de l’archéologie pour la compréhension de notre patrimoine et de notre histoire commune, les vingt années qui se sont écoulées montrent la profonde transformation de cette discipline, tant l’archéologie préventive, qui représente désormais plus de 90 % de l’activité archéologique, a dû continuellement adapter son organisation aux exigences de l’aménagement du territoire.

C'est bien ce développement de l’aménagement du territoire – tracé de linéaires autoroutiers, ferroviaires, gaziers ou autres – qui a conduit l’archéologie à mettre en place des approches spatiales sur de grandes échelles, sollicitant des équipes pluridisciplinaires, particulièrement fécondes pour redéfinir les paléoenvironnements, les réseaux territoriaux et leurs évolutions sur le temps long (lire les synthèses de 20 ans de recherche archéologique).

Capture synthèses 20 ans


En 2022, les actions de commémoration de l’Institut se sont d'abord attachées à décrire cette transformation, tant sur le plan des méthodes et des métiers que sur celui des connaissances scientifiques accumulées au cours de plus de 50 000 opérations archéologiques. Citons ainsi la publication de La Fabrique de la France – 20 ans d’archéologie préventive (dir. Dominique Garcia, Flammarion-Inrap), d’un hors-série d’Archéopages « Archéologie nationale – Recherche, expertise, patrimoine » et le colloque annuel « Archéologie & territoires » au Sénat (accessible sur inrap.fr). 

Chacune de ces actions témoigne de façon concrète de l’extraordinaire renouvellement méthodologique et scientifique de la discipline. Échappant au cadre socio-historique qui serait celui du « roman national », l'archéologie préventive a révélé les anciens terroirs et territoires, les dynamiques de peuplement, les productions matérielles, les changements climatiques, et donné non seulement une épaisseur à notre histoire, mais une précieuse contribution aux débats qui alimentent notre présent (réchauffement climatique, migrations, santé, etc.).

20 ans de partage avec le public

La valorisation des découvertes et le partage de la connaissance sont une mission clé conférée à l'Inrap par la loi de 2001. C’est ainsi que les archéologues de l’Institut consacrent une part non négligeable de leur temps à des actions de médiation auprès du public : portes ouvertes de chantier, visites de presse, interventions en milieu scolaire, expositions, etc.  Il était donc primordial pour l’Institut de partager ce bilan des 20 ans de recherches et de découvertes archéologiques avec le public le plus large, dans toute la France, pour une meilleure connaissance par les populations concernées de leur patrimoine archéologique et de l'histoire de leur territoire. Ce patrimoine mis au jour lors des fouilles, puis étudié dans les centres archéologiques de l’Institut, est à l’origine du renouveau des collections archéologiques et des parcours des musées territoriaux. Ceux-ci étaient donc particulièrement impliqués avec 20 expositions labellisées « L’Inrap a 20 ans ! » sur tout le territoire. La plupart d'entre elles ont donné matière à des articles et des entretiens avec des archéologues et des conservateurs sur inrap.fr.

Pour faire rayonner l’archéologie sur le territoire et expliquer la chaîne de l’archéologie préventive au public le plus large, l’Inrap et SNCF Gares & Connexions se sont associés pour créer cinq expositions en gares et faire découvrir à des millions de voyageurs une série d’objets archéologiques exceptionnels qui ont rejoint les collections de musées : mosaïque de Penthée en gare de Nîmes-Centre, vase diatrète d’Autun en gare de Le Creusot-TGV, statues gauloises de Trémuson en gare de Rennes et « Vénus » de Renancourt en gare d’Amiens. Une cinquième exposition, à Paris Gare de Lyon, récapitulait ces quatre installations.

700 000 voyageurs franciliens empruntent chaque jour le grand couloir de la station Montparnasse-Bienvenüe. En vue d’une rencontre inattendue entre ces millions d’usagers et l’archéologie, l’Inrap s’est associé à la RATP pour installer une fresque de 138 mètres de long : « Le couloir à remonter le temps ». Au fur et à mesure de leur avancée sur le tapis roulant, les voyageurs et les usagers du métro parisien ont pu s’offrir un voyage de deux minutes dans le temps long de l’archéologie et découvrir une sélection d’objets majeurs issus de fouilles préventives depuis 20 ans.

Les vingt années qui se sont écoulées, et les découvertes qui les ont émaillées presque chaque semaine, ont été riches en émerveillements et en émotions pour les archéologues et le public. Une série Éclats d’archéo dessine les contours de cette mémoire collective à travers dix grandes fouilles qui ont marqué l'histoire de l'Institut, revisitées par le souvenir des archéologues qui les ont menées et les images des journaux télévisés de l’époque.

Publiés tout au long de l’année sur les réseaux sociaux, ces dix épisodes sont regroupés, comme toutes les ressources relatives à cet anniversaire sur une page spéciale « L’Inrap a 20 ans ! » de inrap.fr.

Cette année d’anniversaire s’achève ce 1er février.
2023 sera l'occasion de reprendre le cycle annuel des saisons culturelles et scientifiques. Elle sera placée sous le signe de l'Antiquité, révélée sous ses visages multiples… par l’archéologie préventive !