Aux abords de l’église, les fouilles ont révélé de manière inattendue la présence du cimetière paroissial. L'étude des sépultures donnera un aperçu de la population du village avant le XIIIe siècle.

Dernière modification
10 novembre 2023

En 2005, une équipe de l’Inrap avait mis au jour de nombreux moules en schiste destinés à la fabrication d’enseignes de pèlerinage, à l’emplacement d’un atelier de production daté des XIVe-XVe siècles, près de l’entrée de l’abbaye. La variété et la qualité de ces pièces en font aujourd’hui une collection de référence en archéologie médiévale.
En 2011, les archéologues ont révélé les vestiges d’une tour des fortifications, la tour Denis, ouvrage édifié vers 1479 et détruit en 1732.
En 2015, d’anciennes maisons, donnant sur la grève et détruites en 1368, ont été étudiées.
Dans l’abbaye, l’Inrap a suivi plusieurs chantiers de restauration conduits par l’architecte en chef des Monuments historiques dont les opérations importantes menées sur la Merveille, sur l’ancienne Hôtellerie de Robert de Torigny et sur les Logis abbatiaux.
Aujourd’hui, la recherche des fortifications et de la porte du XIIIe siècle a permis la découverte, inattendue, du cimetière paroissial.

Les fortifications disparues du XIIIe siècle

Dans le cadre des travaux de réfection des réseaux menés par la commune du Mont-Saint-Michel, les archéologues de l’Inrap recherchent aux abords de l’église paroissiale, la fortification du XIIIe siècle et la porte du village, mentionnés dans un texte du XVe siècle :
« Ledit d’Estouville et les moynes les firent renforcer l’an 1425, auquel temps la porte de la ville fut changée, estant vis-à-vis de l’église paroissiale, elle fut mise là où elle est à présent ». Le Roy, rééd. Decaëns, 2008
En 1204, les Bretons, alliés de Philippe-Auguste, roi de France, font le siège du Mont-Saint-Michel et mettent le feu au village et à l’abbaye :
« le tout fut facile à faire aux Bretons, car la ville n’estoit point close de muraille mais de pallis de bois seulement ».  Le Roy, rééd. Decaëns, 2008
En 1256, sous l’impulsion de l’abbé Richard Turstin, une nouvelle enceinte en pierre est édifiée. C’est cette enceinte, arasée depuis, que les archéologues pensent avoir décelée sous la forme d’une large tranchée de récupération. Située dans l’axe du rempart conservé au sud de la tour Nord, cette tranchée opère un retour à angle droit vers l’ouest, marquant une chicane qui pourrait indiquer l’emplacement de la porte.

Un cimetière où on ne l’attendait plus

Mais les travaux ont également révélé la présence du cimetière paroissial, pensé détruit par l’installation des réseaux en 1913. À l’origine, ce cimetière s’étendait sur un rayon de 30 m environ autour de l’église. Au moment de l’édification de la muraille de Turstin, le village semble se rétracter et une partie de ce cimetière est abandonnée. 
Abimée, tronquée, bouleversée par les aménagements postérieurs, la trentaine de sépultures sauvegardées permet cependant aux anthropologues de recueillir de précieuses informations sur l’organisation des inhumations. Des datations au carbone 14 et des études archéo-anthropologiques permettront une meilleure datation et la détermination de l’âge, du sexe et des éventuelles maladies ou carences des défunts. Ces données offriront ainsi un aperçu de la population du village du Mont-Saint-Michel avant le XIIIe siècle.
Par ailleurs, le cloître de l’abbaye va faire l’objet de travaux visant à retrouver les niveaux d’origine des sols, exhaussés lors d’une phase de restauration. La fouille et l’étude de bâti menées à cette occasion documenteront l’état initial du cloître et ses éventuelles évolutions. 
Les études archéologiques menées au Mont-Saint-Michel par l’Inrap depuis 2001 abordent des aspects effleurés par les études historiques. Touchant à la fois l’abbaye, le village et les fortifications, elles permettent de renouveler et préciser l’histoire riche et mouvementée du Mont.

Maîtrise d’ouvrage : Mairie du Mont-Saint-Michel
Contrôle scientifique :  Service régional de l’archéologie (Drac Basse-Normandie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Elen Esnault, Inrap


 

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