Sur les 300 fouilles entreprises chaque année par l'Inrap, environ 30% portent sur l'âge du Fer, une période en plein renouveau scientifique. Sans réduire l'étude de la société celtique à celle de ses élites, le domaine funéraire et ses sépultures aristocratiques offrent toujours les découvertes les plus spectaculaires.

Dernière modification
19 février 2016

L'Inrap a récemment fouillé plusieurs individus inhumés sur leur char, d'apparat ou de combat. Le mobilier métallique contenu dans ces tombes nous dévoile la maîtrise technologique et l'inspiration artistique des artisans celtes.
Une grande partie de ce mobilier est confiée pour conservation et restauration à l'institut Conservare (anciennement Irrap) à Compiègne.

Orval

Découverte durant l'été 2006, la tombe d'Orval (Manche) est aujourd'hui un cas unique : la plus occidentale des « tombes à char » de la fin de La Tène ancienne jamais trouvée en Europe est aussi la seule de Gaule celtique à contenir des chevaux.
Du char à deux roues, déposé entier dans la tombe, ne subsistent que des éléments liés aux roues, aux liaisons entre l'essieu et la caisse et de rares passe-guides.
La tête en bronze de deux clavettes est décorée, en bas-relief, d'un visage vu de face encadré par deux profils. Ces pièces appartiennent au style « plastique » daté de la fin de La Tène ancienne (environ 300-250 avant notre ère).
Les deux harnais, de conception identique, présentent un caractère exceptionnel du fait d'une surabondance de corail, matériau exotique venu de Méditerranée. L'un a été retrouvé en connexion avec la tête d'un cheval (les dents seules ayant résisté à l'acidité du sol), alors que l'autre a été déposé dans un sac de cuir, à plus d'un mètre de la tête du second cheval.
Du défunt ne subsiste que son armement et quelques effets personnels : un fer de lance d'une longueur inhabituelle de près de 70 cm, une épée dans son fourreau, une très belle bague en or.

Livry-Louvercy

Datée de 450-350 avant notre ère, la nécropole de Vasseny (Aisne) compte quarante tombes. La majorité des individus inhumés appartient à une élite.
Le mobilier qui les accompagne dans l'au-delà est spécifique de leur sexe et de leur rang au sein de la société gauloise.
Les hommes sont équipés de leurs armes : poignards, épées, boucliers, lances et javelots. À ces éléments s'ajoutent parfois des outils et des ustensiles de toilette (pinces à épiler, rasoirs...). Les femmes portent torques, fibules, bracelets, boucles d'oreille de bronze, perles d'ambre ou de pâte de verre bicolore. Les torques de bronze, larges colliers rigides, sont souvent décorés de torsades et l'un d'eux possède du corail.
Deux hommes et une femme ont été inhumés dans trois tombes à char qui marquent leur appartenance au rang hiérarchique le plus élevé de leur communauté. Comme à Livry, des bandages de roues ont été prélevés dès l'époque gauloise.
Une des femmes portait une petite pendeloque en bronze figurant un personnage dont les jambes forment une lyre. Les représentations humaines sont rares à cette époque. Cette évocation de lyre est la plus ancienne connue dans le monde celtique.

Raillencourt-Sainte-Olle

Au sein d'un enclos funéraire de 925 m2, sept tombes à incinération datant des IIe et Ier siècles avant notre ère ont été mises au jour à Raillencourt-Sainte-Olle (Nord).
Quatre de ces tombes sont organisées autour d'une tombe centrale fondatrice. Elles se distinguent par la grande diversité de leur mobilier. Ont été dégagés de nombreuses céramiques, des vases et des chaudrons en bronze, de nombreux seaux en bois cerclés de bronze et finement décorés, utilisés pour les libations lors des cérémonies religieuses, et des chenets à tête zoomorphe. La présence d'un poêlon en bronze importé d'Italie du Nord est à noter. Chacune de ces sépultures était encadrée par une colonnade qui devait permettre de les recouvrir. Autour de cet ensemble, les trois autres tombes, plus petites, comportent un mobilier céramique abondant et bien conservé.

L'aristocratie celtique de La Tène

Les archéologues disposent de peu d'éléments pour cerner la hiérarchisation des élites celtiques. Une sépulture aristocratique peut toutefois se définir par la présence d'une architecture funéraire complexe (tumulus, chambre), la présence de symboles de prestige, un char ou des armes notamment, enfin des importations issues du monde Méditerranéen.

Conservare

Succédant à l'Institut de restauration et de recherches archéologiques et paléométallurgiques (Irrap), Conservare est né en 2006. Fort de 27 années d'expérience, l'institut, atelier du réseau national de restauration depuis 1989, est placé sous la double tutelle de la direction des Musées de France et de la sous-direction de l'Archéologie sdarchetis. Il reçoit le soutien du conseil général de l'Oise et de la ille de Compiègne. Depuis sa création, l'institut, a considérablement élargi son champ d'action au traitement des objets d'art, des objets techniques et ethnographiques métalliques. En 1991, il fut le premier institut à développer des missions de conservation préventive et en 2005 un atelier de traitement des objets en céramique et en verre a été inauguré. L'équipe actuelle est composée de 15 personnes dont 8 restaurateurs et un ingénieur de recherche.
Conservare traite près de 2 000 objets par an provenant pour moitié des musées de France et pour moitié de l'archéologie préventive et territoriale. Citons les récentes campagnes réalisées pour le département des Arts de l'Islam du musée du Louvre, le Musée de la marine, de nombreux musées de collectivités notamment : Amiens, Beauvais, Charleville-Mézières, Châteaudun, Compiègne, Moulin, Soissons, Reims, Senlis, Rouen...
Pour l'archéologie préventive, citons les campagnes de conservation des objets provenant des nombreux sites du tracé du TGV Est, ou les traitements de conservation-restauration des mobiliers provenant de sépultures gauloises.
Contact(s) :

Inrap
Chargée de communication Médias
Mahaut Tyrrell
Tél. : 01 40 08 80 24
24mahaut.tyrrell [at] inrap.fr